MOVIE MINI REVIEW : critique de La loi de la jungle

Note de l'auteur

Après l’exubérante Fille du 14 juillet, Antonin Peretjatko récidive dans son ambition improbable de réussir la fusion parfaite entre avant-garde nouvelle-vaguesque parisienne et comédie franchouillarde bas du front… Comme imaginer Jean-Luc Godard réaliser un film avec le duo mongolo Terence Hill/Bud Spencer ! C’est ça La Loi de la jungle, un délire dadaïste qui allie mise en scène expérimentale et gags spectaculairement débiles que n’aurait pas renié Claude Zidi !
Marc Châtaigne, éternel stagiaire ministériel (un Vincent Macaigne désespérément transparent), décolle pour la Guyane histoire de vérifier la conformité aux normes européennes de la première station de ski indoor de l’histoire de l’Amazonie francophone ! Il rencontre Tarzan, jeune stagiaire-aventurière sauvage (la géniale Vimala Pons) qui balance ses maximes définitives sur la vie avec un érotisme de malade mental sur la musique de Goldorak… Tout ça au milieu de la jungle et de l’incompétence énarchique made in France.
Comment s’extirper du génie anarchique de La Fille du 14 juillet ? En s’expatriant et en partant sur les chemins empruntés par les (pas forcément) glorieux Gérard ‘La Vengeance du serpent à plume’ Oury, Philippe ‘L’Homme de Rio’ de Broca ou Francis ‘La Chèvre’ Veber (sans oublier les tâcherons ritaliens Italo Zingarelli, Bruno & Sergio Corbucci ou français genre Max Pecas et Philippe Clair), l’iconoclaste Antonin Peretjatko tente un pari hautement casse-gueule… La fusion parfaite entre cinéma d’auteur et gaudriole nanardeuse bas du front… Pour un résultat plus que bancal… Antonin manie à la perfection cet improbable humour pas drôle mais quand même si, où les gags les plus éculés papillonnent au milieu d’une poésie kafkaienno-ubuesque ensorcelante. Malheureusement (à l’image du magnifique Les Combattants), La Loi de la jungle se perd dans un maniérisme soporifique à l’instant où le duo de héros borderline se perd dans la jungle. Antonin Peretjatko se prend subitement pour Werner ‘Aguirre’ Herzog, flagué en pleine orgie artistique avec les Charlots, Patrick Schulmann et Quentin Dupieux, et s’enlise, avec ses deux héros et ses références écrasantes, dans la flamboyante jungle amazonienne…
Malgré sa folie furieuse, La Loi de la jungle marque les limites de son cinéma. Un cinéma où l’artificialité règne en maître. Sauf qu’ici elle ne débouche sur rien d’autre qu’une microscopique rom-com éculée (mais quand même très très très drôle) alors que La Fille du 14 juillet irradiait de mille feux libertaires…

En salles depuis le 15 juin
2016. France. Réalisé par Antonin Peretjatko. Avec Vincent Macaigne, Vimala Pons, Pascal Légitimus…

La Loi de la Jungle par bandeannoncedefilm