
MOVIE MINI REVIEW : critique de La Loi du marché
Toi qui entre au royaume du capitalisme sauvage, abandonne tout espoir… Et découvre l’implacable loi du marché. Un marché qui détruit physiquement et psychologiquement ses travailleurs les plus fragiles. Le capitalisme, s’il est un paradis invraisemblable pour une infime minorité, n’est qu’un putain d’enfer concentrationnaire pour des zillions de personnes au bord du précipice. Thierry, chômeur longue durée à qui il ne reste plus que son amour-propre pour survivre et subvenir aux besoins de sa famille (c’est pas gagné mon gars!!!) plonge insidieusement, de stages ANPE inutiles en entretiens d’embauches humiliants, dans les tréfonds glauques et terrifiants d’un monde du travail qui ressemble de plus en plus à un supplice biblique. Frère de galère du Franck de Jamais de la vie (incarné par le magnifique Olivier Gourmet), Thierry (un Vincent Lindon tout en rage contenue) lutte, avec son intégrité comme seul étendard, contre un système déshumanisé, suivi au plus près par la caméra oppressante de Stéphane Brizé. Une caméra implacable qui ne laisse aucun répit, ni à son héros ni au spectateur. Brizé capte, à la manière d’un documentariste énervé, des instantanés de vie, faits de cruauté sociale et d’humiliations quotidiennes, stupéfiants de réalisme et de beauté brut. Et proprement insoutenables dans leur banalité sépulcrale. Comme un film d’horreur social. Pure. Limpide. Sec. Tétanisant!!!
En devenant vigile dans un supermarché, Thierry devient à la fois flic et témoin impuissant d’une misère humaine insondable. Brizé fuit le misérabilisme et la démagogie lacrymale pleine de condescendance. C’est la sauvagerie et la pureté de cette simple chronique qui rend La Loi du marché aussi politique et aussi bouleversant. Pas de jugement (un peu quand même). Pas de facilité (un peu quand même). Juste de fugaces bribes de vie. Éphémères. Horribles et universelles. Stéphane Brizé abandonne toute forme de narration classique et colle aux basques d’un Vincent Lindon aussi moustachu qu’iconique. Drapé dans sa dignité. Décidé à rester humain quoi qu’il arrive… Quitte à tout sacrifier pour plonger dans l’inconnu histoire de conserver sa dignité… Magnifique!!!
En salles depuis le 19 mai
2015. France Réalisé par Stéphane Brizé. Avec Vincent Lindon, Yves Ory, Karine De Mirbeck…
La critique à Raymond c’est par là…
La Loi du marché – Bande annonce HD par xembacti