
MOVIE MINI REVIEW : critique de L’affaire SK1
Guy George, le tueur de l’est parisien. Des meurtres atroces. Une enquête labyrinthique blindée d’erreurs et de fausses pistes, une traque de dix ans… Une arrestation. Un procès retentissant. Et derrière ce fait divers mythique, des hommes et des femmes, à la fois simples et exceptionnels. Des destins marqués à vie par ces évènements tragiques. Comme ceux de l’inspecteur « Charlie » Magne et de l’avocate Frédérique Pons.
Ping pong temporel étincelant de simplicité et de crudité (attention, images chocs!!!) L’AFFAIRE SK1, par delà le récit circonstancié et objectif de l’affaire, est une ode à l’humanité. À une humanité nichée en chacun de nous. Y compris dans l’esprit torturé d’un violeur sanguinaire. L’inconnu Frédéric Tellier (un mec venu de la télé) fait dans la reconstitution minimaliste. Et d’une puissance dingue. Entre la fureur frénétique de la traque où les fausses pistes et les errements incroyables se succèdent et la (fausse) quiétude du procès où l’on découvre enfin (un peu) l’homme derrière le monstre. Tellier ne juge personne. Jamais. Et cette distance délibérée devient proprement suffocante. C’est paradoxalement en fuyant tout voyeurisme et tout sensationnalisme (pas de reconstitution glauque des meurtres, pas de flics de la police caricaturaux) que L’AFFAIRE SK1 devient si spectaculaire. L’absence revendiquée de point de vue en devient un. Tellier refuse délibérément le maniérisme (dans lequel s’est noyé David Fincher avec ZODIAC, à la thématique similaire). Il préfère s’effacer derrière son film et ses personnages bouleversants d’authenticité (coucou Sidney Lumet et la super première partie de LA FRENCH, la review ici) pour mieux nous happer et nous emporter dans sa machine à remonter le temps (ces années 90 semblent loin, si loin de notre triste monde moderne paranoïaque et digital). Magnifique!
En salles depuis le 7 janvier
2014. France. Réalisé par Frédéric Tellier. Avec Raphaël Personnaz, Nathalie Baye, Adama Niane…
« Tellier refuse délibérément le maniérisme (dans lequel s’est noyé David Fincher avec ZODIAC, à la thématique similaire). »
Et PAN DANS LES DENTS les fans de Fincher!!
Il trouve toujours un moyen d’en remettre une couche MDR!!
Mon pauvre gars, si tu savais le nombre de cinéastes qui donneraient cher pour se « noyer » de la même façon que Fincher avec « Zodiac »… 😉
ça donne bien envie cette histoire… J’y cours !!!! 🙂
Si je suis d’accord qu’en majorité, il s’efface et relate l’histoire sans prendre partie, il en ressort quand même un sentiment de véritable incertitude sur le meurtrier en raison de matraquage sur le problème d’ADN, les retours incessants entre les différents suspects, les circonstances tout de même bizarre que 3 des victimes se connaissaient.
Mais si le film est très sobre, les dialogues sont une véritable catastrophe. Je passe baye qui a dû perdre tout talent avec son lifting parce qu’elle était déjà tellement mauvaise dans les hommes de l’ombre ( mais c’était pas la seule) mais le type qui a écrit les dialogues, il sort pas ? il n’a jamais écouté des avocats parler entre eux, ou des gens parlaient entre eux. J’ai eu l’impression, en dehors des scènes de prétoire qui bien évidemment s’y prêtaient, de voir du théâtre filmé. Personne ne parle comme ça, le type qui a écrit les dialogues, il n’a pas dû entendre les critiques d’Astier sur le problème justement des dialogues dans la fiction française. Et ça, ça m’a sortie totalement du film.
Pour moi, un film ce n’est pas qu’une réalisation, c’est aussi et surtout un jeu d’acteurs et le jeu d’acteurs passe obligatoirement par les dialogues et tout ce film est un véritable ratage total en la matière. Que ce soit les avocats entre eux, les flics entre eux ou voir moi même le Guy George qui parle comme s’il avait fait des hautes études. Tout déconne dans ces dialogues.
Alors pour avoir vu dans les docus de Depardon des extraits de procès de correctionnelle, je trouve au contraire que les scènes de procès dans le film sont extrêmement bien écrites et jouées. On y retrouve la même solennité parfois un peu pompeuse dont font preuve les magistrats en audience, et qui en effet fait parfois théâtrale mais c’est vraiment comme ça que les juges et proc’ s’expriment face aux justiciables pendant les procès. C’est vraiment comme ça que les avocats plaident, du moins si j’en crois ce que j’ai vu chez Depardon et même une fois dans un tribunal correctionnel lorsque je faisais mon service militaire chez les gendarmes. Ca ne ressemble en effet pas à la vie de tous les jours, parce que ça n’a RIEN à voir avec une scène du quotidien. Je n’ai pas été un seul instant dérangé par les dialogues sur tout l’ensemble du film et pourtant dieu sait si c’est l’un des premiers trucs qui peut me sortir d’un film dés que je sens que c’est too much.
Quant aux dialogues des flics entre eux, suis pas d’accord non plus, je les ai trouvé particulièrement justes.
En fait les seules scènes que je trouve un peu bancales, ce sont celles entre le flic de Personnaz et son épouse, assez convenues et finalement inutiles.