
MOVIE MINI REVIEW : critique de Le Pont des espions
Sur le pont des espions, on y danse une drôle de danse… Une danse de vie et de mort… Une danse périlleuse où chaque cavalier s’épie et se jauge… Une danse étrange au bord du précipice atomique entre deux super puissances. USA contre URSS… Et c’est paradoxalement sur ce pont perdu entre Berlin-Est et Berlin-Ouest qu’un lien, ténu mais profond va se créer entre ces deux ennemis. Par la force et la volonté d’une poignée d’hommes qui, l’air de rien, ont sauvé le monde de l’annihilation programmée. Avec un petit avocat new-yorkais expert en assurance comme improbable messie humaniste !
La fin des années 50, une Amérique en plein post maccarthysme chasse frénétiquement les espions russes… Après l’arrestation du colonel Rudolph Abel, un procès a lieu. Et c’est l’avocat James Donovan (un Tom Hanks en mode James Stewart moderne, ce monsieur-tout-le-monde ricain tout plein d’héroïsme tranquille) qui se voit chargé de sa défense. À la surprise générale, et sous les quolibets d’une foule hystérisée par la peur de la guerre thermonucléaire et la haine entretenue par une propagande imbécile, il sauve l’agent russe de l’exécution… Au même moment, un pilote US d’avion espion se fait abattre et capturer par les soviétiques tout rouges du communisme. Et l’avocat embarque, un peu malgré lui, pour Berlin avec pour mission d’arranger un inédit échange de prisonniers !
Il faut croire que son inattendue collaboration avec les frangins Coen (qui ont cosigné le scénario) a réveillé le génie qui végétait depuis des décennies dans un recoin, aussi perdu que l’Arche d’Alliance, de la tête à Steven Spielberg ! Oublié le maniérisme balourd de ses derniers cours d’histoire pour les nuls (coucou les 15 tonnes sentimentalistes Lincoln et Cheval de guerre). À l’image du fantastique diptyque d’Eastwood, Mémoires de nos pères/Lettres d’Iwo Jima, Le Pont des espions transcende totalement son statut de biopic académique et plonge dans l’épure ensorcelante. Et dans un humanisme tonitruant, porté comme un flambeau, qui se métamorphose en brûlot politique incandescent (Spielberg mettant clairement dos à dos, dans un effet de miroir saisissant, les deux superpuissances) ! Cet homme, ces hommes debout, vont résister à leur manière à cette grande histoire qui a tendance à broyer implacablement les individus. C’est un respect mutuel profond (entre l’avocat et son « client » puis entre l’avocat et les espions disséminés à Berlin), carrément révolutionnaire en ces temps paranoïaques (passés et contemporains), qui va réussir à gripper et stopper cette machine infernale qu’est la peur et la guerre. Lavé de son style pompier, Spielberg signe une mise en scène pure comme le cristal, proche de la perfection absolue, du chef d’œuvre (malgré un plan final trop fédérateur, on se refait pas Steven !). Cette ode bouleversante à l’humanité et à sa faculté de résistance, jamais dupe de la violence de la société d’alors, détruit tout sur son passage ! Fantastique mais fantastique bordel !!!
En salles depuis le 2 décembre
2015. USA/Allemagne/Inde. Réalisé par Steven Spielberg. Avec Tom Hanks, Mark Rylance, Amy Ryan…
Le Pont des Espions : bande-annonce VOST… par
« le génie qui végétait depuis des décennies » ? Munich c’était tout de même pas de la pâté pour chats.
Spielberg est régulièrement capable de sortir des chefs d’oeuvre, c’est juste effectivement dommage qu’il fasse trop souvent son balourd quand on voit ce qui sommeille en lui.
Perso j’ai trouvé Munich très bancal… Génial par moments et balourd le reste du temps (le final en montage parallèle je trouve ça ridicule). Là c’est la première fois depuis très longtemps que je trouve le film parfait de bout en bout (bon, sauf la fin mais bon…)
J’aurais jamais cru, pour te lire régulièrement, que tu aimerais ce film ! Tu me donnerais presque envie de le voir, moi qui en ai un a priori ultra « Spielberg refait encore l’histoire avec moult sentiments, le tout avec Tom Hanks »… D’ailleurs, aussi bon puisse-t-il être, on ne compare pas Tom Hanks, l’acteur américain de base qui n’a jamais transcendé quoi que ce soit ou qui que ce soit, avec le grand Jimmy Stewart, ca je n’accepte pas :p Mais blague à part, franchement… Tu n’y as rien vu de très « intéressé » de la part de Spielberg, du genre « allez je vous ressers la même pâtée » ?
je suis le premier surpris!!! 😉
et le parallèle avec James Stewart est évident dans le film!
je trouve ce film plus subtil qu’il en a l’air et surtout, l’air de rien, particulièrement subversif et impitoyable avec les USA
Et c’est bien ce côté impitoyable qu’il avait avec la politique de la loi du talion que j’aimais dans Munich ( la scène du lait et du sang qui se mélangent lors de leur première exécution devant l’ascenseur est une merveille de sens et de mise en scène). Ce film ne faisait aucune concession aux passages obligés empruntés par les autres réalisateurs ayant traités du sujet, avec au choix le box office ou Cannes en ligne de mire.
L’immense majorité des soi disants connaisseurs voudraient enfermer le bouzigue dans une caricature de cinéaste Hollywoodien pro americain de base mais il a une personnalité bien plus complexe et intéressante que ça.
ouais il y a des passages sidérant de noirceur dans Munich (l’exécution de Marie-José Croze est d’un glauque) mais mélangé avec du nawak sentimentaliste… c’est frustrant!
J’ai le même problème avec LA Guerre des mondes, une première partie fabuleuse et une deuxième ultra Z!
Spielberg a toujours eu un côté sombre de toute façon