
MOVIE MINI REVIEW : critique de Le Teckel
De toutes les races surréalistes de clébards aux formes délirantes qui gambadent partout en se libérant abondamment sur nos trottoirs, le teckel est un spécimen spectaculairement spectaculaire. Des pitites papates ridicules, un corps interminable et des oreilles géantes !
Cette saucisse sur patte (ou wiener-dog en anglais) va servir de fil rouge à ce grand humaniste de Todd Solondz dans son nouveau conte moral cruel comme lui seul en a le secret. Fils spirituel du sociopathe Robert Altman (et un peu de Woody Allen aussi), Solondz fait dans le film choral décomposé (coucou le chef-d’œuvre désespéré Short Cuts), le chien n’étant évidemment qu’un prétexte pour démasquer l’inhumanité de notre brave société moderne toute névrosée des sentiments. Il joue au sociologue implacable jusqu’à pulvériser cette civilisation bourgeoise castratrice et concentrationnaire. La charge est aussi épurée que violente. C’est son spécial à Solondz, une mise en scène délicate faisant exploser la fureur du propos ! Tout le monde y passe ! Famille raciste, jeune vétérinaire paumée, junkies pathétiques, mariachis déracinés, prof loser, acteurs minables et vieille aveugle acariâtre symbolisent une Amérique métamorphosée en immense asile d’aliénés. Entre les suburbs interchangeables et labyrinthiques, écœurants d’artificialité, Solondz filme ses losers magnifiques, ces bouleversants inadaptés perdus dans un triste monde tragique. Tout cette glauquerie sépulcrale étant transcendée par un humour noir pétrifiant. De l’enfance à la vieillesse, tout n’est que souffrance et frustration. Et Todd Solondz respire toujours autant la joie de vivre… Vive la vie quoi !
En salles depuis le 19 octobre
2016. USA. Réalisé par Todd Solondz. Avec Greta Gerwig, Keaton Nigel Cooke, Tracy Letts…
Le Teckel Bande-annonce VOST par PremiereFR