
MOVIE MINI REVIEW : critique de L’Effet Aquatique
Les comédies romantiques délicieusement tordues fleurissent de partout dans le cinéma d’auteur français. Après Thomas Cailley et ses fantastiques Combattants sans oublier Antonin Peretjatko et sa gaudriole godardienne La Loi de la jungle, la cinéaste américano-islandaise Sólveig Anspach, biberonnée à la Femis (et malheureusement disparue en 2015), plonge ce genre séminal dans le grand bassin chloré de la mythique piscine Maurice Thorez de Montreuil.
Samir, grutier nonchalant, tombe amoureux fou d’Agathe, pile électrique maître-nageuse de son état. Il fait semblant de vouloir apprendre à nager pour se rapprocher de sa dulcinée au caractère bien trempé. Son plan romantico-machiavélique s’effondre précisément au moment où il fallait pas. Samir poursuit Agathe jusqu’en Islande pour essayer de la reconquérir en plein congrès international des maîtres-nageurs !!! C’est pas gagné tout ça…
Sólveig Anspach fait souffler un gentil vent de folie douce dans l’univers ultra-codifié de la rom-com. Toute la première partie, située dans la piscine municipale, est une merveille d’équilibre entre humour décalé (les collègues d’Agathe sont tous plus délirants les uns que les autres) et émotion à fleur de peau. Malheureusement, l’intrigue amoureuse s’électrocute en Islande. Les rôles s’inversent artificiellement… Et Sólveig Anspach se perd dans le pittoresque islandais blindé des paysages stupéfiants de beauté et d’autochtones gentiment azimutés du cerveau.
L’Effet aquatique perd peu à peu le fil de son intrigue ténue et passionnante. C’est comme si Sólveig Anspach avait refusé d’embrasser totalement son sujet. Comme si elle avait voulu l’emmener vers un cinéma expérimentalo-ésotérico-sensoriel bidule. En fait, elle a fait exactement la même erreur que Cailley et Peretjatko. C’est frustrant parce que L’Effet aquatique possédait tous les éléments pour devenir une comédie romantique lumineuse et irrésistible. Mais les démons du cinéma d’auteur franchouillard ont encore frappé. Y a pas de mal à plonger la tête la première dans le pur cinéma de genre bordel ! Pourquoi vouloir, systématiquement, essayer d’être systématiquement plus profond ou cérébral. C’est un putain de mystère. Résultat Sólveig Anspach passe un peu à côté de son film. En tout cas, de sa fantastique puissance burlesque et romantique.
Hé les mecs ! Assumez vos passions pour Claude Zidi et Hugh Grant bordel ! Et arrêtez de vous cacher derrière ce mépris prétentieux des codes du genre. Mépris qui détruit la puissance émotionnelle de vos œuvres…
En salles depuis le 29 juin
2015. France/Islande. Réalisé par Sólveig Anspach. Avec Florence Loiret-Caille, Samir Guesmi, Didda Jonsdottir…
L’Effet aquatique Bande-annonce VF par allocinoche