MOVIE MINI REVIEW : critique de Les Cowboys
Thomas Bidegain, scénariste attitré de Jacques Audiard s’est lancé dans une entreprise folle et hautement casse-gueule. Aborder l’endoctrinement islamiste et ses terribles répercussions sur les familles, démunies devant ce phénomène incompréhensible !
Au milieu des 90’s. Une famille française, imbibée jusqu’à la moelle épinière de culture country, explose quand Kelly, adolescente réservée, disparaît subitement pour rejoindre une sphère intégriste clandestine. Le père, désespéré entame une odyssée impossible, à la recherche de sa fille. Quitte à détruire ce qu’il lui reste. Son couple et son jeune fils. Une odyssée humaine, étalée sur plusieurs décennies qui ont vu surgir les attentats de New York, Londres et Madrid et croître le terrorisme. Mais le film fuit toutes formes de manichéisme, de spectaculaire et de moralisme pour se coller au plus près de ces gens ravagés par le chagrin. Les Cowboys se métamorphose en western moderne, épuré et bouleversant de modestie. Dans sa traque effrénée, ce cowboy d’opérette traîne ses santiags de pacotille en pleine zone de guerre, histoire de plonger dans un remake afghan magnétique (les décors désertiques sont époustouflants) du chef-d’œuvre de John Ford, La Prisonnière du désert.
Avec toujours cette volonté acharnée de Thomas Bidegain de rester avec ses personnages, de ne jamais vouloir juger qui que ce soit… Juste suivre des destins incroyables (et pas seulement ceux des héros occidentaux). Toujours surprenant, blindé de retournements, Les Cowboys devient une ode à l’humanité. À sa faculté de surmonter les pires tragédies tout en conservant sa dignité. À sa faculté de ne jamais rien lâcher… À sa faculté de transcender les différences… À sa faculté de vivre, quoiqu’il arrive. Tout ça, lavé de la moindre vulgarité et de la moindre tentation lacrymale qui aurait pu tout emporter sur son passage. C’est paradoxalement la (grande) qualité et le (petit) défaut du film. Difficile de s’imprégner et de s’immerger totalement dans le malheur et la grandeur de cette famille… Mais ce n’est finalement pas l’ambition… Thomas Bidegain fuit la manipulation et la sensiblerie pour cibler l’intelligence du spectateur… Magnifique…
En salles depuis le 25 novembre
2015. Réalisé par Thomas Bidegain. Avec François Damiens, Finnegan Oldfield, John C. Reilly…
Les Cowboys de Thomas Bidegain – Bande-annonce… par GQFrance
