MOVIE MINI REVIEW : critique de Lucy

MOVIE MINI REVIEW : critique de Lucy

Note de l'auteur

LUCY

 

 

 

Y a des films comme ça, qu’on se prend dans la gueule sans les avoir vu venir. Enfin plus précisément en attendant un truc particulier qui n’arrive jamais et qui se transforme en quelque chose d’autre. Un ailleurs cinématographique inattendu. Une expérience de cinéma insensée qu’on imaginait pas, une seule putain de seconde, pouvoir s’extirper du cerveau du plus grand pourvoyeur de navets cyniques et mercantiles  de ce côté-ci de l’Atlantique… Je vous parle du mythique Luc Besson!!!
Ce fringuant quinquagénaire a décidé de jouer à se prendre pour Stanley Kubrick et Terrence Malick. Et Luc Besson philosophe, sur le monde, l’univers, l’humanité et les Coréens ultraviolents en costard… Mais comme on parle du mec qui nous a pondu les pires purges intergalactiques françaises de ces dernières décennies, le choc est violent. Dans tous les sens du terme.
En fait LUCY est une pure expérience de cinéma. Mais une expérience signée Europacorp. C’est-à-dire une bouillie informe à base de drogue de synthèse bleue nanarde, de flics franchouillards incompétents, de poursuites en bagnoles minables et de pétasse délurée péroxydée métamorphosée en héroïne invincible… Bref, l’intrigue on s’en fout royalement. Elle est interchangeable, éculée et pompée sur les pop corn movies modernes génétiquement modifiés aux mauvais CGI de synthèse.
À l’instar de Jonathan Glazer avec UNDER THE SKIN, Besson s’interroge sur l’humanité. Mais comme on parle du mec qui a réalisé MALAVITA, cette réflexion se situe au beau milieu d’un torrent de naïveté ubuesque et conne à en bouffer du verre pilé. Mais petit à petit, il se passe un truc étrange, passionnant, dérangeant, fascinant… Besson découvre la subtilité… OK, il la planque soigneusement au milieu d’une orgie de gunfights mous et de nawak épileptique. Mais elle est bien là. Aux détours de plans fabuleux (qui explosent la laideur ambiante) et d’un point de vue passionnant… L’absence même de point vue définitif. Alors qu’il se ridiculisait avec l’épouvantable climax de l’épouvantable 5E ÉLÉMENT (l’amour et les schtroumpfettes cantatrices de l’espace vont sauver le monde du Mal), Besson nous prend tous à revers.
Scarlett Johansson, icône post moderne pop ultime, se déshumanise à mesure que son cerveau ouvre les portes du savoir total. Besson n’invente rien. Mais la sincérité et la noirceur fascinante de son propos (une grande première dans son œuvre mercantile et populiste) détonnent. C’est précisément en laissant le spectateur libre de sa propre opinion face au délire philosophico-métaphysico-new age (coucou 2001 L’ODYSÉE DE L’ESPACE et TREE OF LIFE, cités ouvertement et constamment) que Besson réussit son pari fou et risible sur le papier.
Comme Lucy (clin d’œil pachydermique) la blondasse mutante décolorée létale (clin d’œil pachydermique bis) absorbe l’Univers, Besson transcende le cinéma d’action contemporain (TRANSCENDANCE, X-MEN et les Marvèleries super-héroïques, SCANNERS, LIMITLESS, MATRIX, GHOST IN THE SHELL, DRIVE, TAXI, HER) pour l’emmener un ailleurs étrange et passionnant et flippant…
Et ce final halluciné, ou la poésie et le grotesque fusionnent dans un orgasme d’images folles, vous laisse pantois…
LUCY, ou l’avènement du post-Besson… Incroyable!!!

En salles depuis le 6 août
2014. France. Réalisé par Luc Besson. Avec Scarlett Johansson, Morgan Freeman, Min-sik Choi…

 

 

 

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