
MOVIE MINI REVIEW : critique de Manos Sucias
Quand ils ne peinturlurent pas les murs de leurs mégapoles déshumanisées (coucou Los Hongos), les jeunes Colombiens font dans la petite et la grande délinquance et le trafic de drogue. Sur les rivages sauvages et tiers-mondistes d’une Colombie à l’abandon, deux jeunes hommes, en proie au racisme et à la misère, embarquent sur un bateau de pêche tout moisi « armé » d’une « torpille » pleine de cocaïne pour une destination inconnue. Leur mission va se muer en conte initiatique langoureux mâtiné de film noir sanguinaire et traumatisant.
À la fois thriller indolent et chronique fascinante de poésie brute d’une Colombie méconnue (qui fait aussi penser aux héros du magnétique Lost River), Manos Sucias semble anesthésié par sa moiteur crépusculaire. Comme un trip indolent paressant au soleil d’une Amérique du Sud iconique et sulfureuse. Un soleil sous lequel les paramilitaires exploitent impitoyablement une population exsangue aspirant aux mêmes rêves d’ascension sociale et de bonheur que la jeunesse occidentale.
Heureusement, le troisième acte s’excite et plonge dans la noirceur absolue, parsemé de plans étourdissants de beauté. Delio et Jacobo se libèrent dans la mort et le sang. Et affrontent une nature luxuriante et oppressante. Une nature qui semble livrer une guerre totale pour sa survie à l’inexorable expansion humaine. Un peu mou mais pas mal quoi !
En salles depuis le 3 juin
2014. Colombie/USA. Réalisé par Josef Kubota Wladyka. Avec Cristian James Abvincula, Jarlin Javier Martinez, Hadder Blandon…
Bande-annonce : Manos Sucias – VOST par PremiereFR