MOVIE MINI REVIEW : critique de Mia Madre
Y a pas plus tabou du cerveau de la tête et terrifiant que la mort de ses parents… Que cette période redoutée où l’on se doit d’accompagner un être aimé dans son dernier voyage tout en assistant, impuissant et dévasté, à sa déchéance physico-psychologique… Comme une putain d’épée de Damoclès qui, elle, finira inexorablement par nous tomber sur le coin de la gueule en détruisant tout sur son passage. Après Haneke, Palme d’Or avec Amour et son patriarche contemplant s’étioler implacablement l’amour de sa vie, Nanni Moretti nous fait ressentir cette lente agonie à travers les yeux de deux quinquagénaires un peu fatigués de la vie (l’héroïne, réalisatrice décadente de navets ouvriers et son frère fataliste) affrontant vaille que vaille l’agonie de leur mère.
Ce qui bouleverse dans Mia Madre, c’est la pudeur de Moretti. Margherita, perdue entre un tournage infernal avec une star US has been (le fantastique John Turturro) et un déni absolu, se balade entre rêve et réalité. Entre passé, présent et futur au gré de l’état de santé chancelant de sa maman d’amour. Cette épreuve fondatrice permet à Napolitana (la magnifique Margherita Buy) de faire un bilan de sa propre existence. Amoureuse et professionnelle. Bilan pas très glorieux pour Calzone (ou une autre pizza je sais plus). Malgré sa mise en scène platounette qui fleure bon le cinéma de papa hors d’âge à la limite du supportable, Nanni Moretti finit, à force de pudeur et de délicatesse, par ravager les cœurs les plus inoxydables.
Conte cruel et lumineux, drôle et implacable, léger et profond, Mia Madre capte à merveille cette flamme fugace et dégueulasse qu’est la vie… Cet événement cruel qui rappelle sa propre mortalité. Comme un rite de passage inévitable et dévastateur… Sortez vos mouchoirs…
En salles depuis le 2 décembre
2015. Italie. Réalisé par Nanni Moretti. Avec Margherita Buy, John Turturro, Giulia Lazzarini…
Mia Madre – Bande-annonce VOST [Full HD] par
