MOVIE MINI REVIEW : critique de Mister Babadook

MOVIE MINI REVIEW : critique de Mister Babadook

Note de l'auteur

MR-BABADOOK

 

 

 

ATTENTION! CETTE MINI REVIEW EST SUSCEPTIBLE DE CONTENIR DES SPOILERS…

C’est quoi le truc avec l’Australie? Comment cette île-continent fantasmagorique peut-elle, comme ça, décennies après décennies, nous balancer des films de genre aussi atypiques et aussi originaux? Peut-être que le passé de ce gigantesque pays-bagne (la sympathique Grande-Bretagne avait l’habitude d’y déporter ses prisonniers) lié au mysticisme aborigène autochtone a définitivement vriller les neurones des cinéastes du cru… C’est que ce cinéma possède une folie particulière… Une crudité hallucinante doublée d’un imaginaire malsain, moite et dégueulasse… Bref, les Australiens, c’est rien que des grands malades d’abord!
Une femme fatiguée s’effondre mentalement entre son boulot de merde (infirmière dans une maison de retraite glauquissime) et son jeune fils ingérable à l’imagination plus que débordante (l’incroyable Noah Wiseman, à la fois tout mignon et irrémédiablement insupportable)… Le pétage de plomb fulgurant et sanguinaire n’est pas loin, d’autant plus que le fiston est persuadé qu’un monstre monstrueux dévoreur d’âmes, le Babadook en question, s’est infiltré dans la maison…
Jennifer Kent (actrice qui réalise ici son premier film) rend un hommage vibrant (et un peu trop systématique, la photocopieuse visuelle est en surchauffe permanente) aux grands classiques fantastico-paranoïaques. Les fantômes de ROSEMARY’S BABY, SHINING, PLOTERGEIST, EVIL DEAD et LES TROIS VISAGES DE LA PEUR (voire aussi Georges Méliès) lévitent langoureusement autour de ce film de femme. Parce que ce MISTER BABADOOK abandonne très vite la fable enfantine horrifique  pour plonger dans les tréfonds de la dépression féminine (avec la frustration sexuelle violente et l’infanticide en ligne de mire). Mais peut-être pas…
Jennifer Kent maintient son film entre fantasme et réalité. Ce Babadook (croquemitaine gothique à chapeau et à doigts crochus tout droit sorti d’un livre pour enfant indestructible bien traumatisant) existe-t-il vraiment? On ne le saura jamais… MISTER BABADOOK est un huis-clos intemporel hautement claustrophobique où le son (qui relève de la torture) a un rôle prédominant. Amélia (la fantastique et hallucinée Essie Davis, capable de passer de la fragilité à la folie meurtrière en un clin d’œil) tente de surmonter un trauma bien dingo, la mort de son époux le jour même de la naissance de son fils (et vive la vie les bichons!!!). En fait MISTER BABADOOK est la chronique du voyage mental de cette femme déboussolée qui tente d’accepter la mort de son homme et, surtout, d’accepter l’existence même de cet enfant, symbole de cet amour définitivement perdu. En fait l’élément fantastique n’est qu’un prétexte. On ne fait que se balader dans la tête d’une femme à bout de nerfs qui confond ses fantasmes sordides avec la réalité… Ou peut-être pas du tout… Cette ambiguïté tient jusqu’au final complètement nawesque qui flingue quand même un peu le propos… Jennifer tente d’entretenir, inutilement, le doute jusqu’au bout du bout… Mais cet hommage minimaliste bouleversant au cinéma horrifique classique viscéral (et aussi cérébral) vaut largement le détour.

En salles depuis le 30 juillet
2014. Australie. Réalisé par Jennifer Kent. Avec Essie Davis, Noah Wiseman , Daniel Henshall…

 

 

 

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