
MOVIE MINI REVIEW : critique de Notre petite sœur
À l’instar d’un Kiyoshi Kurosawa qui fait mumuse avec le fantastique en l’ancrant dans un réel bouleversant d’humanité (coucou Real et Vers l’autre rive), Hirokazu Kore-eda joue en permanence à pervertir les chroniques familiales (genre cinématographique pour le moins éculé) à grands coups de concepts délirants (les enfants abandonnés de Nobody Knows, les frangins séparés du généralissime I Wish, les enfants échangés à la naissance du décevant Tel père, tel fils). Le voici qui adapte (très librement) un célèbre manga fait pour lui, Kamakura Diary (ou Umimachi Diary) signé Akimi Yoshida.
Trois sœurs vivent dans une grande baraque improbable qui semble tout droit sortie d’un anime Ghibli signé Miyazaki ou Takahata, nichée dans les contreforts de Kamakura, ancienne cité impériale perdue dans un Japon intemporel… Elles découvrent, après la mort de leur père, l’existence d’une jeune demi-sœur qu’elles rapatrient dans leur bicoque fantasmagorique…
C’est tout pour le semblant d’intrigue… Passé cette mise en place d’une pudeur folle, Notre petite sœur enchaîne les scénettes déchirantes de simplicité. Kore-eda nous balance une ode merveilleuse à l’humanité. Une humanité simple et triomphante… Un film de femmes délicates comme des fleurs de cerisiers, quatre sœurs débordant de vie. Une chronique élégiaque située dans un paradis perdu, une parenthèse enchanteresse dans un Japon à la fois légendaire et universel.
Kore-eda filme ces instants de vie comme personne, en grand spécialiste passionné des relations fraternelles et filiales improbables… On ne veut pas quitter ces filles merveilleuses qui affrontent les difficultés de la vie (le deuil, la mort, les amours tourmentées, les parents démissionnaires) avec une dignité et une fraîcheur bouleversantes…
Notre petite sœur, à l’image d’I Wish, est un moment de grâce absolue, un conte universel éthéré, constamment sur le fil du rasoir, fait de petits riens qui redonnent foi en l’humanité… Fantastique !
En salles depuis le 28 octobre
2015. Japon. Réalisé par Hirokazu Kore-eda. Avec Haruka Ayase, Masami Nagasawa, Kaho…
Bande-annonce « Notre petite soeur » par LePoint
Petite faute de frappe : « une chrnoique »
Après il y a « élégiaque » mais c’est juste un mot que je ne connaissais pas !
(Commentaire à supprimer après correction)
Merci pour les ref ciné Doc, elles vont agrémenter mes soirées d’expatriations 😉 je ne m’étais pas fait de session ciné japonais depuis trop longtemps