
MOVIE MINI REVIEW : critique de Room
Attention ! Attention ! Il est préférable d’avoir vu le film avant de lire cette review pleine de spoilers (même si le trailer a déjà tout dévoilé, le pitit sacripant).
Ce bon vieil irlandais de Lenny Abrahamson, il adore les films à concept hautement barré sur des gens tout névrosés du cerveau des sentiments de la vie. Après le fabuleux Frank, et son morceau de Michael Fassbender caché derrière un masque en papier mâché pendant tout le film, voici Room, et sa tranche de Brie Larson (c’était plus fort que moi, j’ai pas pu m’en empêcher, nddn) recluse depuis des années dans une prison miniature… Dans ce conte moderne inspiré de faits divers spectaculaires (souvent américains, quelle surprise, mais aussi autrichiens… L’Autriche, ce pays de tarés décrit avec génie par ces grands malades de Michael Haneke et d’Ulrich Seidl !), elle parvient, vaille que vaille, à élever le plus « naturellement » possible son fils né en captivité et à le protéger des visites de son ravisseur pervers… Avec la volonté farouche de vivre coûte que coûte et de recouvrer sa liberté !
C’est dans sa première partie suffocante, en totale autarcie, que Room atteint des sommets de puissance émotionnelle. Cette relation fusionnelle entre Joy (une Brie Larson dont la ressemblance avec Natascha Kampusch décuple le malaise ambiant) et Jack vous cloue sur place. Elle parvient à recréer pour son fils un mini-monde, plein de mystères et de poésie. Avec la force de l’imagination comme résistance à la folie. C’est magnifique de simplicité. De pudeur. Lenny Abrahamson excelle dans ces portraits décalés d’êtres borderline qui vont chercher leur étincelle d’humanité dans des recoins improbables de leur psyché ravagée.
Malheureusement (pour le film), la libération arrive très (trop) vite. Traumatisante comme une (re)naissance. Et c’est parti pour un tout nouveau film. La chronique, classique et larmoyante, d’une reconstruction impossible (pour Joy) et la découverte du nouveau monde pour Jack (la révélation Jacob Tremblay). Paradoxalement, Joy n’aura jamais été plus enfermée que lorsqu’elle sera libre. Écrasée par l’immensité et le vide de sa vie future, par le regard oppressant d’une foule curieuse. Room se transforme en éprouvant voyage mental d’une survivante. Une femme qui s’est battue pour sa libération et qui se retrouve terrassée par une civilisation qu’elle a quittée pendant des années, face à son fils qui découvre, lui, les merveilles du monde. Les psychodrames s’enchaînent paresseusement et Brie Larson chouine dans son coin (on est loin du traumatisant Martha Marcy May Marlene et de sa rescapée d’une secte sanguinaire)… En fait, Room perd petit à petit sa puissance et sa singularité pour se complaire dans une certaine facilité et dans la performance hystérique de son actrice en mode chasse à l’Oscar (opération réussie !!! Un peu à la surprise générale). Alors que Frank tenait son concept jusqu’au bout, Room se délite pour finir dans un torrent de mièvrerie et d’humanisme artificiel. Mais la force de son sujet et une première partie proprement fabuleuse sauvent ce film de la vacuité… Un drôle de truc quoi !
En salles depuis le 9 mars
2015. Canada/Irlance. Réalisé par Lenny Abrahamson. Avec Brie Larson, Jacob Tremblay, Joan Allen…
ROOM Bande-Annonce VOST (2016) par Filmsactu