
MOVIE MINI REVIEW : critique de Spotlight
Y a pas plus fascinant qu’un journaliste au cinéma ! Ce professionnel toujours intègre (défense de rigoler) qui, par la force de son putain de stylo à bille et de sa machine à écrire qui crache des articles plus vite que la plus puissante des mitrailleuses, est capable de renverser les empires capitalistes et les gouvernements corrompus. Le cinéma regorge de ces héros flamboyants, des Hommes du Président à Alan J. Pakula au mythique Le Journal à Ron Howard sans oublier le frenchy Mille milliards de dollars et tout plein de trucs dingues signés Lang, Lumet, Joffé, Michael Mann ou Alexander Mackendrick !
Pourtant le quotidien de reporter est à mille lieues de ce spectaculaire cinématographique tout plein de suspens et d’intensité !
En retraçant la formidable enquête du Boston Globe menée par sa cellule d’investigation, la spotlight du titre, Tom McCarthy nous plonge dans une dichotomie de tarée. Dénoncer un scandale sexuel d’une ampleur jamais vue (vive les prêtres catholiques pédophiles et leur hiérarchie complaisante) en passant tout son temps en réunions interminables, en zillions d’heures l’oreille vissée au téléphone et en kilomètres de porte-à-porte à la recherche effrénée de témoins… L’ennui mortel quoi… Transcendé par une force intérieure de maboul et une intégrité intergalactique. Rarement ce métier n’aura été décrit avec autant de réalisme. Comme des escargots recueillant méticuleusement les milliers de pièces d’un puzzle qu’ils savent explosif sans jamais vraiment savoir à quoi il va ressembler au final. Pas de sensationnalisme (juste ce qu’il faut d’angélisme hollywoodien, on ne se refait pas). Spotlight s’attarde aussi sur la vie privée de ces hommes et de ces femmes, de leur responsabilité de défenseur des libertés publiques, et de leurs éternelles crises de confiance et de conscience.
Le génial Michael Keaton, tout en dignité déontologique écrasante (l’exact opposé de son personnage iconoclaste du Journal) domine de son charisme de surdingo un casting impressionnant au service d’un scénario ciselé. Parfait, trop parfait… On finit par s’ennuyer gentiment devant tant de perfection et d’intégrité. Il manque cette folie autodestructrice qui animait les chefs-d’œuvre comme Le Grand Chantage, Network ou Le Gouffre aux chimères ou ce génie formel insensé qui dégoulinait de chaque plan de Révélations.
Fort, utile mais sage, beaucoup trop sage quoi… Le grand paradoxe… À trop vouloir être réaliste, Spotlight se perd dans une certaine langueur. Sauvée par l’énormité du scoop et ce talent à rendre captivant la plus robotique des routines…
En salles depuis le 27 janvier
2015. USA. Réalisé par Tom McCarthy. Avec Mark Ruffalo, Michael Keaton, Rachel McAdams…
Spotlight : bande-annonce VOST (Michael Keaton… par inthefame