
MOVIE MINI REVIEW : critique de Taj Mahal
C’est à un sujet cruellement d’actualité qu’affronte Nicolas Saada. Le terrorisme… Mais loin du spectaculaire décérébré à la No Escape et sa famille US über-héroïque directement sortie d’un actioner made in Cannon Group à la gloire de Chuck Norris. Saada affronte l’horreur en creux, par la bande, par le hors champ. Par l’intermédiaire d’une adolescente parisienne enfermée toute seule dans sa suite du palace Taj Mahal à Bombay un soir de 2008. La caméra rivée à son petit minois parsemé de grains de beauté, seuls les cris déchirants des victimes et les coups de feu parviennent à nos oreilles et à celles de Louise. Accrochée à son portable, elle attend. Une attente insoutenable… Pour un peu tout le monde malheureusement !
C’est que Saada se perd dans les méandres de l’ennui avec ce qui aurait dû être le cœur de Taj Mahal. La faute à un personnage gentiment caricatural (Louise étudie la photo, elle lit du Pasolini et regarde Hiroshima mon amour pour se détendre le soir !) beaucoup trop grand pour les frêles épaules de son interprète, la casserole éthérée Stacy Martin. Toute en minauderies et en regards vides, la pauvre s’avère incapable de restituer la terreur qu’elle devrait ressentir (et que dire de l’insupportable père éploré, Louis-Do de Lencquesaing, systématiquement à côté de la plaque)… Tout comme un Saada beaucoup trop distant dans sa mise en scène.
Heureusement, l’errance langoureuse de Louise dans ce pays étrange et fascinant (coucou Lost in Translation) et le final parisien, émouvant et mélancolique, et surtout involontairement prophétique, sauvent Taj Mahal de la branchouillerie apprêtée parisienne. C’est dans ces moments intimes et faussement sereins que le talent impressionniste de Saada fait des merveilles… Un drôle de film à la fois bancal et émouvant…
En salles depuis le 2 décembre
2015. France. Réalisé par Nicolas Saada. Avec Stacy Martin, Louis-Do de Lencquesaing, Gina McKee…
L’interview de Nicolas Saada, c’est par là…
TAJ MAHAL – Bande-annonce officielle – Au… par bacfilms
Un film populaire, de grande rigueur, avec une actrice d’une intelligence et d’une retenue rares, capable d’éléver l’odyssée d’une victime à une réflexion sur notre Europe, sans taire la brutalité de l’Occident . Le problème? Personne n’est plus habitué en France à un cinéma qui respecte le grand public et lui parle avec la simple force du jeu et des plans, mais Taj Mahal est un film de la force denonciatrice qu’avaient certains Kieslowski, ou qu’a encore le grand cinéma populaire d’Asie et il estvbien plus poignant que le film cité légèrement de Sofia Coppola. Ce n’est pas là la question en tout cas. On chercherait à dire que Taj Mahal n’a pas l’engagement idéologique qu’il devrait avoir pour que les média s’en emparent ou pour qu’on ait horreur du terrorisme qu’il maintient en toile de fond? C’est là toute sa qualité ; on reverra ce longmetrage plus tard, loin de l’émotion des attentats de Paris et il gagnera encore en lisibilité et on en appreciera l’humanité, la douceur, la delicatesse et la denonciation qu’il fait indeniablement avec respect des protagonistes , offrant au regard sans préjuger comme chez les plus touchants Vive le cinéma, vive le beau film populaire de Nicolas Saada !