
MOVIE MINI REVIEW : critique de Tangerine
Bienvenue à Tangerine ! Quartier mal famé de Los Angeles voué à la prostitution… Écrasés par un soleil éternel, deux transsexuels partent pour une odyssée dingo : retrouver la maîtresse (une vraie fille, le comble de l’insulte) de Chester, mec (et accessoirement mac) à l’hystérique Sin-Dee, tout juste sortie de taule ! Et c’est parti pour un conte de Noël taré à la Tokyo Godfathers (le chef-d’œuvre de Satoshi Kon). Mais ici pas de clodos angéliques ni de neige ni de bébé à sauver, mais la faune interlope d’un désert urbain, d’un ghetto débordant de vie et de destins hors du commun dans leur banalité, écrasés de chaleur, cette chaleur infernale qui fait exploser les sentiments.
Un chauffeur de taxi arménien, des putes romantiques et une Cendrillon transgenre se croisent dans ce conte de fée audacieux à en devenir dingue ! Sean Baker ne juge jamais ses personnages plus vrais que nature (et pour cause Tangerine vient de la rencontre entre le réalisateur et ses deux héroïnes, Kitana Kiki Rodriguez et Mya Taylor, authentiques transsexuels), il les magnifie dans leur soif désespérée d’amour et de bonheur… Filmé à l’iPhone 5S (muni d’une lentille anamorphique), cette odyssée fantastique, qui colle littéralement à ses héros, est un torrent de liberté et d’énergie. Comme du Ken Loach défoncé aux œstrogènes et au crack dans les toilettes d’un bar louche de Santa Monica ! Un immense cri d’amour, mélancolique et lumineux à la fois, à tous ces exclus d’une Amérique schizophrène… Cet ogre qui exploite et dévore ses enfants pleins de rêves et pleins d’espoir. Magnifique…
En salles depuis le 30 décembre
2015. USA. Réalisé par Sean Baker. Avec Kitana Kiki Rodriguez, Mya Taylor, Karren Karagulian…
Tangerine – Bande-annonce [VOST] par Filmosphere
J’ai été attiré d’abord par la réalisation à base de smartphone qui n’a pas manqué d’être relayé par la presse en général. Et le moins que l’on puisse dire c’est que la photo tient la route. On peut donc faire un film de qualité professionnelle aujourd’hui avec un équipement qui coûte que dalle et une équipe réduite. L’utopie Nouvelle vague faîte réalité, quoi.
Pour ce qui est du contenu du film, c’est un véritable documentaire quant à ce qu’il montre de Los Angeles. Des rues droites et interminables, des transports en communs pour les pauvres qui n’ont pas de bagnole, des friches urbaines comme autant de no man’s land, tout est en état de décomposition avancée comme ces humains qui en habitent encore certaines parties, tout est à vendre, la pub est partout, pas un centimètre carré qui ne serve à vendre quelque chose.
Les acteurs sont pour la plupart non professionnels ce qui renforce l’aspect réaliste de l’oeuvre. Mais pour ma part, le côté diva des deux protagonistes principales finit par les rendre antipathique. Toute cette hystérie qui ne mène au final à rien lasse. Ce film est trop long et se résume à un walk movie la plupart du temps. Les rares moments de calme sont les bienvenues : La vie de famille du taxidriver basée sur un rêve américain qui ressemble à ce qu’il est, un amoncellement d’objets tous plus laids et plus tocs les uns que les autres, son seul rêve à lui étant de pouvoir vivre son homosexualité. Le show d’une des héroines dans un bar où elle paie pour chanter devant un auditoire absent.
Cette description d’une société capitaliste en stade terminal qui se nourrit de l’énergie des rêves des êtres qui la hante nous montre à quel point nous sommes fous de vivre dans un environnement aussi inhumain.