MOVIE MINI REVIEW : critique de The Duke of Burgundy

MOVIE MINI REVIEW : critique de The Duke of Burgundy

Note de l'auteur

DUKE-BURGUNDI

 

 

 

Y a pas… La vie de couple, c’est le bordel… Et quand cette saloperie de tue-l’amour qu’est la routine entre en jeu, rien ne va plus. Pour éviter de voir leur relation partir en fumée, Evelyn et Cynthia, qui vivent dans une demeure intemporelle issue des délires délirants gothico-pop 70’s de Jess Franco et de Mario Bava, s’adonnent au BDSM (un peu comme dans 50 nuances de Grey mais en beaucoup moins toc et moins inoffensif). Le problème c’est que, petit à petit, les deux femmes vont se retrouver prisonnières de leurs jeux de rôles pervers et destructeurs…
Après l’expérimental Berberian Sound Studio, Peter Strickland continue de se balader dans l’univers du cinéma d’exploitation européen. Fini l’horreur gothique, place au cinéma érotique (coucou Jess Franco) et le huis clos übersexué suffocant et mortifère (coucou le monde bariolé et sadique du giallo). Peter Strickland s’amuse comme un foufou avec les codes de ce cinéma d’exploitation crapoteux et voyeur. Ici, pas de nudité, jamais… Juste deux êtres amoureux qui se noient dans leurs obsessions et leur amour étrange. Evelyn (Chiara D’Anna, clone envoûtante d’Edwige ‘Toutes les couleurs du vice’ Fenech) joue à la victime docile. Mais c’est bien elle qui manipule et soumet Cynthia (une Sidse Babett Knudsen très très très très loin de Borgen) à ses fantasmes de plus en plus malsains. Ces rituels relèvent du supplice mythologique et Cynthia se perd dans l’enfer concentrationnaire des sentiments. Leurs jeux de rôles intimes se dérèglent implacablement. Toutes les deux sont condamnées, l’une a trop souffrir, l’autre pas assez. Et Strickland en fait un cauchemar éveillé, langoureux et labyrinthique. En fuyant le spectaculaire (et les branchouilleries prétentieuses à la Cantet & Forlani), il fait de son film un conte universel. Un conte quand même bien taré, lavé de toute présence masculine, où les images plus envoûtantes les unes que les autres (on est loin de l’agressivité visuelle et auditive de Berberian Sound Studio) vous plongent dans une torpeur automnale atonale saisissante et spectaculairement angoissante, soulignée par une musique fantastique signée du groupe Cat’s Eyes. Un film d’amour malade… Et profondément humain malgré ses volutes expérimentales susceptibles de déstabiliser les plus chastes…

En salles depuis le 17 juin
2014. Grande-Bretagne. Réalisé par Peter Strickland. Avec Sidse Babett Knudsen, Chiara D’Anna, Monica Swinn…

 

La critique à Gilou Da Costa c’est par là…

 

 


Bande-annonce : The Duke of Burgundy – VO par PremiereFR

 

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