
MOVIE MINI REVIEW : critique de The Neon Demon
Après son trip surréalistico-mongolo Only God Forgives ou « Mon Ryan Gosling chez les Thaïlandaises qui voudrait retourner (littéralement) dans le ventre de sa maman », le formaliste danois à l’ego intergalactique Nicolas Winding Refn retourne à Los Angeles, cité des anges dépravés, pour faire (encore) mumuse avec le cinéma de genre. Oubliés les thrillers maniérés vroom vroom 16 soupapes en vrille (Drive pour ceux qui ne suivaient pas) et place au conte de fées tordu de tout partout avec du surréalisme dedans, ce genre hautement casse-gueule sublimé, entre autres, par David Lynch.
Jesse, un ange venu de Géorgie, débarque à Los Angeles avec sa pureté comme étendard pour devenir mannequin (elle possède aussi un ravissant petit nez retroussé). Elle va découvrir un monde trouble voire torve et une faune sauvage prête à tout pour lui dérober son innocence. Et elle va plonger, comme Alice, de l’autre côté du miroir. Pour y découvrir un monde crépusculaire, narcissique, filtré de partout, en slo-mo envoûtante et blindé de prédateurs plus ou moins saphiques de toutes sortes…
Le surréalisme made in USA excelle quand il détourne les contes de fées (coucou The Oregonian et coucou Lost River)… Petit chaperon blond entourée de grands méchants loups lubriques et de louves affamées, Jesse se brûle les ailes au soleil de sa pureté angélique et corruptrice. Car, au final, c’est bien sa perfection absolue, le déclencheur de cette furie sanguinaire et sensorielle.
Pour peindre ce cauchemar hypnotique, Refn en appelle à ses glorieux aînés formalistes. Ils sont tous là… Mario ‘Les trois visages de la peur’ Bava, Dario ‘Suspiria’ Argento, Paul ‘Showgirls’ Verhoeven, Brian ‘Body Double’ De Palma, Paul ‘Cat People’ Schrader, David ‘Mulholland Drive’ Lynch, Tony ‘Les Prédateurs’ Scott, Satoshi ‘Perfect Blue’ Kon, Sofia ‘Somewhere’ Coppola… Les références semblent infinies. Et pourtant Refn parvient à les transcender pour nous perdre dans un fantasme de fantasme porno-chic photographié par ce grand malade d’Helmut Newton… Les plans, plus fabuleux les uns que les autres, s’enchaînent sous les ensorcelantes nappes électro d’un Cliff Martinez au sommet de son art.
Ce conte initiatique, classique dans sa première partie, bascule dans l’onirisme pur au gré d’un défilé de mode baroque à en devenir fou qui ressemble à un train fantôme de fête foraine. Le narcissisme est roi dans ce microcosme impitoyable glorifiant, une jeunesse éternelle parfaite et totalement impossible… Seule la frêle Jesse possède cette perfection et elle va la menacer autant qu’elle va empoisonner tout le monde autour d’elle. Elle est dangereuse et elle le sait… Trip halluciné d’une noirceur insondable, The Neon Demon, porté par une Elle Fanning diaboliquement angélique, vous plonge au plus profond de la folie humaine, pour atteindre les rives de l’horreur stylisée, de l’anthropophagie en milieu anorexique botoxé et de l’humour noir tonitruant… Fabuleux quoi !
En salles depuis le 8 juin
2016. USA/France/Danemark. Réalisé par Nicolas Winding Refn. Avec Elle Fanning, Jena Malone, Bella Heathcote…
The Neon Demon – Bande-annonce 4 VOSTFR par Ecranlarge
Chouette critique.
Merci…
Je suis intrigué. Du coup j’ai envie d’aller le voir ce soir…
Pas du tout aimé ce film, (mais bon chacun ses goûts).
Dommage ce spoil dans ta critique.
Mais surtout, trouves-tu normal que ce film ne soit interdit qu’aux moins de 12 ans ? Je trouve ça très limite (pour moi, c’est -16 minimum !). Et c’est pour moi là le vrai problème de ce film.