MOVIE MINI REVIEW : critique de The Revenant

MOVIE MINI REVIEW : critique de The Revenant

Note de l'auteur

THE-REVENANT

 

 

Après avoir fait mumuse avec l’espace temps new-yorkais de Broadway en un plan séquence impossible dans l’incroyable Birdman, Alejandro González Iñárritu s’attaque au survival mystique avec The Revenant, remake illuminé du Convoi Sauvage avec l’immense Richard Harris, tiré d’une histoire incroyable mais vraie (dans les grandes largeurs)…
Vis ma vie de trappeur américain au XIXe siècle ! Une vie sympa comme tout, pleine d’aventures et de dangers mortels genre les tribus amérindiennes autochtones pas ravies de cette invasion invasive et genre les grosses bêtes de la forêt du type grizzly géant affamé de la faim… Après avoir survécu à une scène d’intro, en (vrai-faux) plan séquence, stupéfiante de barbarie, une poignée de trappeurs, perdus dans la forêt pleine d’arbres en bois, tente de rejoindre la civilisation et le fort le plus proche. Leur guide (un Leonardo DiCaprio en pleine chasse furieuse à l’Oscar et aux peaux de castor) se fait gentiment masser le dos et les vertèbres par les crocs d’un ours gros comme une montagne. Laissé pour mort par ses camarades (sympas les mecs !), le pauvre va voir son fils se faire assassiner sous ses yeux par un vilain méchant tout plein de lâcheté et de méchanceté et de cabotinage (un méconnaissable Tom Hardy à moustache). Ivre de vengeance et passé en mode super Jésus-Christ du blizzard de l’hiver du Far West, Léo Di Cabotino va passer son temps à mourir et à résurrecter et à mourir et à résurrecter et à mourir et à résurrecter comme un taré (parfois même dans les entrailles d’un cheval mort !), dans un déferlement de violence graphique jamais vue (flirtant parfois avec l’humour involontaire).
À la lisière du cinéma expérimental viscéral à la Tarkovski, des délires mystico-panthéistes à la Terrence Malick et de la barbarie sanguinolente à la Tarantino, The Revenant bouscule les codes du western enneigé. Tel un Jeremiah Johnson sous crack hallucinogène, Hugh Glass (Léo donc), spectre hébété assoiffé de sang guidé par un Dieu sauvage qui regarde ses créatures humaines se déchirer au beau milieu d’un paradis infernal, revient d’entre les morts pour se venger. Pour Iñárritu, le monde n’est plus qu’un gigantesque enfer terrestre frigorifié. Et la vie n’est plus qu’un supplice incessant…
Bon. Comme d’habitude avec Gonzo Iñárritu, la finesse et la délicatesse se sont fait tabasser à mort à grands coups de massue. The Revenant fait dans le baroque taré, dans l’expressionnisme minimaliste, dans la folie pure. Iñárritu en fait trop, toujours trop et c’est pour ça qu’il est unique (à l’image de ces grands fous de Wacho bros ou d’Aronofski). Pour un résultat déstabilisant. La mise en scène alterne entre pur envoûtement et nawak à la limite du cartoon nanardeux (c’est qu’il s’en prend plein la gueule le Léo aux yeux hébétés). Mais il se dégage de ce spectacle hallucinatoire une telle puissance formelle et sensorielle qu’on en sort ravagé.
Ouais, tout ça peut sembler grotesque et putassier (et ça l’est un peu beaucoup), mais la folie qui ressort de ce truc (à l’image des œuvres dingos de Werner Herzog) pulvérise tout sur son passage. Une putain d’expérience cinématographique quoi !

En salles depuis le 24 février
2015. USA. Réalisé par Alejandro González Iñárritu. Avec Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Will Poulter…

 

 


The Revenant : bande-annonce version longue VOST par inthefame

 

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