MOVIE MINI REVIEW : critique de The Strangers

MOVIE MINI REVIEW : critique de The Strangers

Note de l'auteur

THE-STRANGERS

 

 

 

Le cinéaste sud-coréen Hong-jin Na continue son périple dans les tréfonds de l’âme humaine. Après le fabuleux The Chaser et le bancal The Murderer, le voilà qui fait à nouveau mumuse avec les codes du polar. Mais cette fois, il abandonne l’enfer bétonné des mégapoles déshumanisées pour aller gambader dans la campagne chatoyante… Enfin, chatoyante… Une campagne reculée propice aux contes et légendes horrifico-mystico-chamanico-religieuses bien dégueulasses.
Jong-Goo, un sergent un peu minable de la police un peu minable d’un bled un peu minable doit faire subitement face à une vague de meurtres sauvages pas du tout minables, eux… Et le suspect numéro un est un ermite japonais, reclus dans la forêt, à qui les villageois prêtent des pouvoirs démoniaques. Genre ce serait un fantôme… L’enquête aussi étrange et picaresque qu’impossible commence mollement, sous les trombes d’eau d’une saison indéterminée qui s’apparente à un enfer terrestre.
Hong-jin Na pervertit totalement les codes du thriller contemporain. The Strangers arpente les sentiers parcourus naguère par Bong Joon-ho pour son chef-d’œuvre absolu Memory of Murders (le plus grand polar de ces 20 dernières années les gars, ok !). Pluie diluvienne, atmosphère sépulcrale, pluie torrentielle, flic improbable, pluie diluviale, meurtres mystérieux, pluie apocalyptique et village pittoresque, la photocopie est parfaite. Trop parfaite pour être honnête… L’élément fantastique n’est jamais bien loin. L’ambiguïté se répand petit à petit et le spectre du Shining de Kubrick et du Rosemary’s Baby de Polanski pointent le bout de leur pitit nez démoniaque. Et The Strangers bascule langoureusement, très langoureusement et lentement, très lentement, trop lentement dans la folie sanguinaire pure pour exploser dans un final taré tout en fureur tétanisante !
Malheureusement, Hong-jin Na se perd lui aussi dans le dédale viscéral de son film. À trop vouloir nous balancer à la tronche un film-monde postmoderne brassant 40 ans d’histoire du cinéma de genre et mixant psychokiller, zombies, épidémie et exorcisme (!!!), il plonge paradoxalement The Strangers dans l’ennui… Profond, très profond l’ennui… À force d’étirer jusqu’à la folie son intrigue minimaliste, la puissance viscérale et l’originalité de The Strangers se vaporisent dans les décors délicieusement oppressants et les cris hystériques d’un chaman taré. Ne reste plus qu’une gigantesque ambition venue s’écraser sur les récifs de l’ennui et la prétention… À la fois passionnant et soporifique… Frustrant quoi !

En salles depuis le 6 juillet
2016. Corée du Sud. Réalisé par Hong-jin Na. Avec Do Won Kwak, Jun Kunimura, Woo-hee Chun…

 

 


The Strangers : bande-annonce VOST par inthefame

 

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