MOVIE MINI REVIEW : critique de The Witch

MOVIE MINI REVIEW : critique de The Witch

Note de l'auteur

THE-WITCH

 

 

 

Le satanisme… La sorcellerie… Ces hantises grotesques issues de ce fanatisme religieux ancestral lui-même au fondement de la création de l’Amérique ! Ancré dans l’esprit torturé de ces premiers colons européens, pour la plupart intégristes protestants tarés plus ou moins chassés de leurs pays et partis en mission divine dans ce jardin d’Eden fantasmagorique qui s’est très vite métamorphosé en enfer terrestre ! Ces fous de dieux ont apporté avec eux leur folklore démoniaque, leurs légendes obscurantistes qui semblent gravées dans les gènes de ce pays iconique, comme un inconscient collectif paranoïaque. C’est à un voyage oppressant aux tréfonds de la psyché américaine, faite de mysticisme taré et de culpabilité autodestructrice, que nous convie le petit nouveau Robert Eggers !
1630. La Nouvelle-Angleterre. Une famille dévote venue d’Angleterre, bannie de son village, tente de survivre dans une misérable ferme perdue à la lisière d’une forêt angoissante. La disparition mystérieuse du dernier né va plonger cette famille aux confins de la folie et de l’horreur pure !
C’est pas tous les jours qu’on se prend dans la tronche une chronique aussi folle de l’âme humaine. En s’attaquant frontalement, et avec un premier degré implacable (Robert Eggers s’est basé sur des documents et des témoignages d’époques), aux croyances religieuses les plus sombres, Eggers décortique la schizophrénie fondamentale de notre espèce vivant dans un état de terreur permanente. The Witch, c’est comme un remake de La Petite Maison dans la prairie réalisé par Stanley Kubrick… L’autodestruction minutieuse d’une cellule familiale fragilisée par les éléments extérieurs doublée d’un huis clos étouffant. Avec les éternelles questions. Est-ce que l’élément surnaturel, pourtant décrit le plus cliniquement du monde, est réel ? Ou bien n’assistons-nous pas à la crise d’hystérie collective d’une famille fanatique à l’agonie ? Le mystère reste entier !
Et c’est précisément le génie de ce film tétanisant. Réussir à être à la fois totalement horrifique et totalement réaliste. Comme un poème sépulcral foudroyant… Un trip mystique viscéral. Un cauchemar éveillé… Un conte de fée glaçant qui pulvérise les purges horrifiques contemporaines blindées de jump scare moisis de ce pauvre James Wan (coucou The Conjuring et tous ses clones évangéliques miteux). Ces images magnétiques, qui évoquent le fabuleux Häxan (le chef-d’œuvre sur la sorcellerie datant de 1922 !), conçues comme des tableaux vivants tout en clair-obscur (coucou Johannes Vermeer et coucou Rembrandt), vous hantent jusqu’à un final malade aussi grotesque que suffocant.
Robert Eggers réussit l’exploit insensé de réinventer le gothique américain à grandes lampées d’ascétisme crépusculaire… En le fusionnant avec le cinéma d’auteur cérébral bergmanien et le cinéma expérimental sensoriel (penser à 2001, L’Odyssée de l’espace dans un film de sorcière, faut le faire). Incroyable !

En salles depuis le 15 juin
2015. USA/Grande-Bretagne/Canada/Brésil. Réalisé par Robert Eggers. Avec Anya Taylor-Joy, Ralph Ineson, Kate Dickie…

 

 


The Witch : bande-annonce VOST par inthefame

 

Partager