MOVIE MINI REVIEW : critique de Titli, Une chronique indienne
Où qu’elle soit, la jeunesse contemporaine galère sa race… Comme une génération sacrifiée sur l’autel d’une société moderne où ne survivent que les plus endurcis des individualistes. Alors que les jeune surdiplomés de l’émouvante Tribu des fourmis se démènent dans une impossible légalité, le jeune Titli, qui vit dans les bas-fond de Dehli et d’une Inde en plein essor économique, aspire à se libérer de sa pitoyable vie de gangster minable et de l’influence démoniaque de sa famille de pieds nickelés oppressants.
Loin du folklore bollywoodesque du pays des moustaches triomphantes et de l’hygiène buco-dentaire hystérique, Titli fait dans la chronique humaniste et dérangeante. Où l’humour noir (à la Coen brother) alterne avec la sauvagerie et les rares esquisse d’humanité avec la trahison impitoyable. Le jeune Titli (un prénom de fille qui signifie papillon), dans son désire furieux d’émancipation est prêt à trahir la Terre entière pour son coin de paradis à lui, un putain de parking en construction. Kanu Behl détourne avec ironie les traditions d’une société indienne machiste et patriarcale (coucou l’imprévisible Neelu, jeune femme indépendante, mariée de force et à la volonté de fer) et suit son héros caméra à l’épaule dans un thriller social endiablé, mix de documentaire énervé, de poésie noire et de rom-com bizarroïde. L’universalité des aspirations de Titli et Neelu fait mouche. Tout comme la description sensible et cruelle d’une Inde ancestrale engoncée dans sa corruption endémique, ses traditions oppressantes et son système de castes. Une Inde fonçant à marche forcée vers une occidentalisation effrénée. Un pays perdu dans une schizophrénie culturelle insensée. Schizophrénie qui s’est emparée des jeunes héros de Titli, symbole d’une jeunesse universelle en quête d’un bonheur qu’on lui refuse. Magnifique!
En salles depuis le 6 mai
2014. Inde. Réalisé par Kanu Behl. Avec Shashank Arora, Lalit Behl, Shivani Raghuvanshi…
TITLI – Bande Annonce VOSTFR / UFO Distribution par bollycine
