
MOVIE MINI REVIEW : critique de Toril
Tauromachie, poivrons, et trafic de drogue… C’est le menu insolite et hautement explosif de Toril, trip minéral où la tragédie rurale (un sous-genre du cinéma français abandonné depuis des zillions d’années) et le film noir s’affrontent au milieu d’une armée de taureaux perdus dans une arène écrasée par le soleil implacable du sud de la France… Toril, c’est un cauchemar indolent, implacable. Comme toute bonne série noire qui se respecte, le héros maudit creuse lui-même sa propre tombe au fur et à mesure de ses efforts désespérés pour se sortir de l’enfer dans lequel il a délibérément plongé !
Philippe, gentil cultivateur de marijuana qui rend con (Vincent Rottiers, survivant du bizarre Nocturama), décide de sauver l’exploitation de son père après sa tentative de suicide. Avec comme idée super géniale de transformer son hangar, où il vend ses légumes en gros, en plaque tournante du trafic local de cocaïne organisé par un parrain espagnol sanguinaire qui élève des taureaux de combat avides de chair humaine !
Laurent Teyssier plonge à cœur perdu dans ce thriller plouc à tendance sociale stylé et stylisé. Passé la tragédie rurale classique (c’est la crise agricole ma bonne dame qu’est-ce que vous voulez y faire), Toril s’abandonne dans les expérimentations visuelles du thriller postmoderne mâtiné de western. Les frangins Coen (et leurs fabuleux polars Blood Simple et Miller’s Crossing) ne sont jamais bien loin. Laurent Teyssier manie les ellipses et le hors-champ à la perfection au gré de ses déflagrations de violences tétanisantes. Impressionnant pour un premier film !
En salles depuis le 14 septembre
2016. France. Réalisé par Laurent Teyssier. Avec Vincent Rottiers, Bernard Blancan, Tim Seyfi…
TORIL Bande-Annonce (2016) par AuCine