
MOVIE MINI REVIEW : critique de Triple 9
Atlanta, antichambre de l’enfer… Une cité où la violence est partout, une cité maudite où les repères ont volé en éclats sous les impacts des balles ! Les flics de la police drogués jusqu’aux yeux pourchassent d’autres flics qui jouent aux braqueurs, les mafieux russes s’acoquinent avec le FBI et tout ce beau monde s’entretue de la plus dégueulasse des manières possibles dans cet opéra shakespearien taré en béton armé !
Après avoir erré sur La Route d’une Amérique post-apocalyptique soporifique et après avoir picolé du tord-boyaux frelaté fabriqué par les bootleggers consanguins du mollasson Des hommes sans loi, l’australien John Hillcoat s’attaque au polar urbain über badass !
Dans la droite lignée du formaliste Heat à Michael Mann, du poignant The Town à Ben Affleck et des romans noirs crépusculaires à ce grand taré de James Ellroy, Triple 9 (nom de code pour « officier à terre ») nous propulse au cœur d’un gang de super braqueurs manipulés par une impitoyable tsarine mafieuse à brushing d’hystéro (une Kate Winslet grotesque avec son accent russe pathétique). Traqué par les flics, par les gros bras russkofs et rongé par les dissensions, ce quintet de super pro (composé d’ex-mercenaires et de flics d’élites) va se déchirer au milieu du chaos régnant sur Atlanta.
John Hillcoat ne révolutionne rien avec ce polar viril tout spectaculaire des yeux et tout académique du scénario. L’intrigue banalisée à l’extrême fonce vers une apocalypse de poudre et de sang. C’est cette atmosphère suffocante qui sauve Triple 9 de l’ennui. Pas d’espoir à Atlanta la putréfiée. Hillcoat capte à la perfection cette déliquescence des sentiments qui déteint sur la mégapole. La violence, la pauvreté, la trahison et la drogue ont tout détruit. Ne reste qu’un jeune flic idéaliste (le toujours parfait Casey Affleck) au milieu de cet enfer.
Avec son casting de taré, sa mise en scène puissante et son scénario implacable Triple 9 fait le job. Sans ce degré de folie ou d’humanisme qui aurait pu le propulser au même niveau que ses glorieux modèles… Dommage !
En salles depuis le 16 mars
2016. USA. Réalisé par John Hillcoat. Avec Casey Affleck, Chiwetel Ejiofor, Anthony Mackie…
La critique à Marc Godin c’est par là…
Triple 9 : bande-annonce #1 VOST (Norman Reedus… par inthefame