
MOVIE MINI REVIEW : critique de Un français
Les skinheads, bras armés ultra-violents d’une extrême droite en plein essor en ce milieu des eighties mitterrandiennes. Marc et ses potes chassent du gauchiste et du pas-blanc dans leur banlieue parisienne aussi glauque que leurs cerveaux. Mais Marc (un Alban Lenoir magnétique et mystérieux) va peu à peu sortir de son monde sclérosé pour arpenter les chemins d’une rédemption impossible et solitaire.
Avec Un Français, Diastème s’attaque à un pan méconnu et honteux de notre très chère société française. Cousin des américains Danny Balint et American History X et du prodigieux Made in England (qui révéla au monde le génie de Tim Roth) Un Français plonge dans les méandres de cette extrême droite schizophrène. Où la paillardise et l’ultraviolence de ses soldats cohabitent tant bien que mal avec une bourgeoisie catholique rance avide de pouvoir. Mais Un Français n’est pas une fresque sur l’histoire du Front National (jamais ouvertement mentionné malgré les images d’archive). Diastème colle aux basques d’un homme. D’un fantôme monolithique parcourant sa vie sans la moindre émotion.
On ne saura jamais rien de ce « héros ». Ni le pourquoi de son engagement ni le pourquoi de son émancipation. C’est la force et la grande faiblesse d’Un Français. Diastème reste désespérément à la surface des choses. Et sa mise en scène impersonnelle, ravagée par une reconstitution fauchée en carton-pâte (coucou les jean neige, coucou Sacré Soirée, coucou Guesch Patti), plonge inexorablement son film dans l’ennui carabiné. La rédemption de Marc (qui fait penser à celle du héros de J’irai au paradis car l’enfer est ici de Xavier Duringer) manque cruellement d’âme et de fureur.
La sincérité de Diastème ne fait aucun doute. Sa dénonciation de cette extrême droite assassine (qu’on a malheureusement tendance à oublier) est salutaire. Mais en ne s’intéressant qu’au destin d’un homme beaucoup trop fantomatique, l’ancien journaliste qui a bien connu cette époque passe à côté de l’analyse intime de l’engagement de ces hommes dans ce mouvement invraisemblable issu du nazisme. Résultat : Un Français manque cruellement d’audace. Seule la performance d’Alban Lenoir (cousin du Vincent Lindon de La Loi du marché) sauve ce truc du naufrage insipide. Quel dommage…
En salles depuis le 10 juin
2015. France. Réalisé par Diastème. Avec Alban Lenoir, Samuel Jouy, Paul Hamy…
La critique à Plissken c’est par là…
Bande-Annonce : Un français par Spi0n