
MOVIE MINI REVIEW : Le labyrinthe du silence
Comment une simple feuille de papier froissé et jeté nonchalamment dans une poubelle du tribunal de Francfort un jour de 1958 a t’elle pu engendrer le premier procès allemand d’officiers nazis ayant sévi à Auschwitz? C’est le sujet du didactique Labyrinthe du temps.
Johann, jeune procureur plein d’illusions, se jette corps et âme dans son devoir de mémoire. Dans la révélation du tabou ultime de cette RFA triomphante et innocente des 50’s qui a décidé de napper son passé terrifiant dans le sucre et les couleurs pastel. Le labyrinthe du silence c’est le combat d’une génération entière contre une autre. Un combat contre l’oubli. Contre le déni. Un combat pour la justice. Un combat pour les millions de suppliciés. Pour les survivants obligés de côtoyer quotidiennement leurs bourreaux redevenus des monsieur tout le monde inoffensifs. Un combat pour ne jamais oublier. Tout ceux qui n’ont pas dit non sont Auschwitz. C’est avec force et naïveté que le procureur Radman se lance dans la psychothérapie d’une nation entière ne demandant qu’à oublier son passé génocidaire.
Bon. Passé son sujet puissant, Le labyrinthe du silence se morfond dans un académisme délicat amis aussi soporifique (la reconstitution en carton pâte télévisuel frise l’insipide). Heureusement Giulio Ricciarelli fuit toute forme de voyeurisme. En s’appuyant en permanence sur le hors-champs et les non-dit il parvient à nous toucher au cœur. Pas besoin d’entendre (ou très peu) les témoignages des rescapés. Le spectacle muet du défilé des témoins racontant l’enfer suffit amplement. La pudeur et la subtilité sauvent Le labyrinthe du silence de son aspect propret et horriblement sage. Il manque cette folie et cette rage qui font les grands historiques.
Un film juste et utile à défaut d’un bon film. C’est déjà bien. Mais pas vraiment du cinéma…
En salles depuis le 29 avril
2014. Allemagne. Réalisé par Giulio Ricciarelli. Avec Alexander Fehling, André Szymanski, Friederike Becht…
Le Labyrinthe du silence Bande-annonce par toutlecine