
MOVIE MINI REVIEW : Lettre À Momo
La capacité du cinéma d’animation japonais à aborder de front les épreuves les plus dures de la vie est toujours aussi impressionnante et stupéfiante d’audace!
Momo (et sa môman) emménage sur une île paumée en mer intérieure du Japon. Elle vient de perdre brutalement son père océanographe, mort en expédition. Elle va rencontrer d’étranges démons capricieux et pittoresques.
La mort. Le deuil. La souffrance. L’impossible acceptation. Et le retour à la vie… Hiroyuki Okiura (réalisateur du fantastique JIN-ROH en 1999) se ballade tranquillement dans des territoires arpentés régulièrement par l’immense Hayao Miyasaki. Comment ne pas penser (un peu trop fort, Hiroyuki) au chef d’œuvre MON VOISIN TOTORO (et aussi à PONYO SUR LA FALAISE). Même thématique (l’enfance face à la mort de l’un de ses parents), même bestiaire animiste délirant et même naturel désarmant de pureté. Okiura n’atteint pas le génie de son modèle mais LETTRE À MOMO est d’une majesté et d’une naïveté (dans le bon sens du terme, sans les émotions frelatées à la Disney quoi) bouleversante. Les dernières paroles, cruelles, de Momo à son père la hantent au plus profond d’elle même. Seule sa relation iconoclaste avec le trio de gentils démons va l’aider à surmonter ses souffrances et se libérer de sa malédiction.
C’est déchirant de simplicité, de délicatesse et d’humour. Et quand même un peu trop inspiré (pour être gentil) de Miyasaki…
En salles depuis le 25 septembre
2011. Japon. Réalisé par Hiroyuki Okiura. Avec les voix de Karen Miyama, Yuka, Daizaburo Arakawa…
https://youtu.be/1L48uRrtYV8
Tu soulèves le soucis actuel de Ghibli : la tentative d’imposer le style de Hayao Miyazaki comme identité du studio, et la recherche d’un successeur. Cela explique notamment que Mamoru Hososa ait quitté le navire pendant la production du Château Ambulant (obligeant Hayao Miyazaki à reprendre le projet) faute d’avoir pu imposer ses choix artistiques, qu’ils reprennent avec d’autres réalisateurs ses vieux projets abandonnés en cours de route comme Arrietty, ou que le producteur et ancien dirigeant du studio Toshio Suzuki cherche à tout prix à imposer Gôro Miyazaki, un non-sens absolu puisqu’il a été parachuté là sans avoir suivi le « parcours » habituel (il n’avait jamais occupé le moindre poste sur un anime). Ce-dernier point étant quand même un sacré aveu d’impuissance.
Heureusement, Hayao Miyazaki ne reste jamais longtemps à la retraite ; mais Ghibli ferait mieux de profiter de son exposition internationale pour lancer de jeunes talents prometteurs, plutôt que de se cacher éternellement derrière le patronyme du réalisateur de Nausicaä. Ils ont quand même laissé filer Mamoru Hosoda…