
MOVIE MINI REVIEW : critique de Ma vie de Courgette
Icare 9 ans, qui préfère se faire appeler Courgette, il a tous les atouts en main pour foirer bien comme il faut sa vie à peine commencée ! Il commence par tuer accidentellement son ivrogne de mère violente dépressive pour ensuite atterrir dans un orphelinat paumé au milieu de nulle part. Il y rencontre ses nouveaux compagnons d’infortune, tous irrémédiablement fâchés avec la vie, des fils et filles de junkies, de braqueurs emprisonnés, de folles dingo, de sans-papiers expulsés, ou victimes de sévices sexuels et témoins de drames familiaux… Bref, c’est un peu la cour des miracles de la vie de merde à l’orphelinat des fontaines !
Mais plutôt que de verser dans le misérabilisme lacrymal, Claude Barras (qui adapte un roman de Gilles Paris) métamorphose cette tragédie digne de Dickens ou d’Hugo ou du mythique Tombeau des lucioles d’Isao Takahata en conte poétique chatoyant débordant de vitalité et d’émotion. Loin de la perfection désincarnée du clochard mythomane Kubo, l’animation en stop motion, délicieusement imparfaite (on pense à la grande période de Tim Burton), transcende totalement son sujet hautement casse-gueule. Ma vie de Courgette fusionne fell good movie décalé, poésie enfantine bouleversante de pureté (sans esquiver ses petites cruautés) et discours politique subtil autour de la maltraitance (une délicate utopie gauchiste illumine le film en permanence). Mais c’est cette poésie absolue, cette fraîcheur, cette résistance devant la fatalité qui vous transporte et qui vous bouleverse. Courgette et ses amis parviennent à capturer l’enfance dans toute sa naïveté, sa cruauté, sa curiosité et sa soif de vivre quoiqu’il arrive. Cette quête d’amour, ce machin qui vous permet de survivre et de ne pas vous foutre en l’air. On est à des zillions d’années-lumière des purges disneyennes frelatées idéalisant une enfance d’une innocence caricaturale qui n’a jamais existé.
Bouleversant… Juste bouleversant…
En salles depuis le 19 octobre
2016. France/Suisse. Réalisé par Claude Barras. Avec les voix de Gaspard Schlatter, Sixtine Murat, Paulin Jaccoud…
Ma vie de Courgette : la bande-annonce par magicmaman
Oui.