
« Mr. Selfridge » une histoire de shopping, de moustache et de la naissance du 20ème siècle
Mr Selfridge est sur OCS depuis mardi soir et était présenté hier au festival Série Séries de Fontainebleau. Retour sur une série conçue pour les explorateurs d’histoire avec un grand H.
Il y a un charme très particulier dans les séries comme Mad Men, Un Village Français, ou Downton Abbey. Elles nous replongent dans des mondes qu’on a effleuré dans des exposés ou dans les cours d’histoire du samedi matin de M. Luthaud. Avec elles, on goûte au plaisir de porter des queues de pie à chaque dîner, de fumer en étant enceinte ou de dénoncer quelques communistes. Qui n’en a pas rêvé ?
Mr. Selfridge est une de ses séries. Préparez-vous à revenir à un temps que les moins de 100 ans ne peuvent pas connaître. Un temps où le magasinage (hommage à nos amis du Québec) n’était pas une activité distrayante et amusante, mais répondait à un besoin. Harry Selfridge, le vrai, a révolutionné tout ça et la série nous présente ce personnage et ceux qui tentent de graviter autour de lui.
Pour incarner cet homme tout en démesure, il fallait un homme à la hauteur de toutes ces gesticulations et c’est Jérémy Piven qui s’y colle. Au-delà de la personne extravagante, on découvre un homme d’affaires au flair incroyable, un visionnaire qui va révolutionner la manière de vendre dans des grands magasins. C’est là la force de la série : « À cette époque, les riches envoyaient leurs valets faire leur shopping. Il fallait savoir ce qu’on voulait pour l’obtenir. On ne se rendait pas dans les magasins pour avoir envie », explique Tobias de Graaff, le directeur de la distribution internationale de la série pour ITV studios, à la suite de la projection lors du festival.
La série nous ouvre donc la porte du monde des détaillants, de la recherche du produit « unique et de qualité », de la façon dont on donne envie aux clients de toucher les produits, et entre autres de la création des vitrines. On est immergé dans un monde dont on pensait pourtant tout connaître, nous les rompus aux discours commerciaux et aux publicités. Cette démonstration fonctionne d’autant plus que le magasin existe réellement. Tobias De Graaf mentionne d’ailleurs à ce propos qu’utiliser son vrai nom n’a posé aucun problème législatif ou commercial en Angleterre.
Mr Selfridge, c’est l’immersion dans le XXème siècle (1909), avant les guerres et en pleine « Belle Epoque ». Je ne sais pas vous, mais moi, on m’a peu parlé en cours d’histoire de cette période, planquée entre Napoléon III et la Première Guerre Mondiale. On a souvent préféré parler de ces conflits plutôt que de ce qui se passait entre chacun d’eux. Et pourtant il s’en passait des choses.
Andrew Davies, le co-créateur de la série, est un peu un spécialiste des fictions « d’époque ». Il a déjà travaillé sur les adaptations d’Orgueil et Préjugés et de Raison et Sentiments pour la BBC ou encore sur celle du Docteur Jivago pour ITV. En ce moment, il planche même sur une adaptation de Guerre et Paix. Apparemment, il n’aime pas que les séries d’époque mais aussi les adaptations. Là où Julian Fellowes dans Downton Abbey utilise ses personnages pour mettre en évidence des évolutions sociales ou technologiques, Andrew Davies choisit le magasin pour traiter des sujets tels que le mouvement des suffragettes, l’absence de droits sociaux, l’importance du divertissement, la condition de la femme, l’invention des extincteurs automatiques…
Ce n’est pas seulement un exposé succinct de l’époque, on y redécouvre des figures importantes de la culture populaire avec le passage de personnalités connues. Le magasin devient le théâtre de tous les événements culturels et mondains, la politique s’immisce dans les bureaux et les chevilles se dévoilent derrière les comptoirs. C’est sûrement pour ça que les scènes hors du magasin sont moins captivantes : on veut y revenir, on aimerait que l’animation qui règne entre ses murs contamine les autres séquences. La série devient vraiment excellente quand elle n’est pas le portrait de Mr Selfridge, mais de la modernité qu’il a insufflé à un Londres pluvieux et emboué.
Harry Selfridge aimait dire que Selfridge & Co était la troisième attraction touristique londonienne après Buckingham Palace et la Tour de Londres. La série, elle, n’est sûrement pas la troisième meilleure fiction historique du moment, mais les amoureux du genre s y trouveront largement leur compte. Ceux qui préfèrent les personnages intéressants et fouillés resteront sur leur faim.
Mr Selfridge, Saison 1 (ITV & PBS)
Créée et écrite par Andrew Davies
Avec : Jerémy Piven, Grégory Fitoussi, Katherine Kelly, Frances O’Connor, Aisling Loftus, Zoe Tapper…
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Tres bon acteur et costume. L’ancienne
Tres bon acteur et costume. A l’ancienne belle histoire en haute classe.