Music Mini Review : MÜRG – Varg & Björn (Nordvist Produktion)

Music Mini Review : MÜRG – Varg & Björn (Nordvist Produktion)

Note de l'auteur

Varg & Björn, premier album d’un groupe inconnu est à ranger entre les premiers Darkthrone et Mayhem. Pourtant, le disque est bel bien de 2015. Paradoxe temporel ou visitation de l’histoire d’un genre musical, MÜRG affiche clairement ses intentions comme ses influences, sans mimétisme.

MÜRG est un duo, originaire de Suède. Ce sera tout pour la biographie. Est-il plus facile d’écrire sur un nouveau groupe dont on ne sait rien ? Derrière une promotion timide ou un culte du mystère, ne reste que la musique. Et le groupe de n’offrir que leur art à critiquer. Se plonger dans l’histoire du duo ne réveillera aucune obsession, aucune explication à leur proposition. Radical ? Peut-être. Autant que cela permet de jouer sur l’aura classique qui entoure les groupes de Black Metal. Le mystère. Le mystère de jouer une musique issue d’un passé révolu. La grande énigme est peut-être là. Soustraire son identité sous de grosses influences, comme si le Black Metal des aînés devait imposer le respect au point de se cacher derrière ses idoles. MÜRG n’est pas un cover band. Le duo pioche à droite et à gauche, sans jamais diluer le résultat ou offrir un spectacle prémâché et réchauffé.

L’autre paradoxe est géographique. Revisiter la seconde vague du Black Metal, c’est faire un tour du côté de la Norvège (Darkthrone, Mayhem, Gorgoroth, Burzum…). Or MÜRG est suédois. Pour les néophytes, la distinction n’aura aucune espèce d’importance ; pour les autres, ce sont a priori deux écoles qui se mélangent. Deux écoles qui, si elles ne s’opposent pas, entretiennent des voies différentes. MÜRG, objet d’une mondialisation ? Ou groupe mal-né. Leur musique relève du genre norvégien, sans doute possible.

Varg & Björn réveillera donc les nostalgiques. Sous l’impulsion d’une évocation immédiate, nous voilà au milieu des années 90, à hanter quelques forêts enneigées. Les guitares sont incisives et tranchent une chair glacée. La stridence, aux motifs hypnotiques qui ont fait les grandes heures de Darkthrone ou du Madrigal Nattens de Ulver, accompagne une ambiance où la rage côtoie la désolation. Une atmosphère familière sur des sentiers que l’on a déjà arpenté mais les suédois apportent une griffe, un coup d’épée pour sonner étrangement moderne. Décrire la musique de MÜRG, c’est sortir le champ lexical qui accompagnait aussi bien le Transylvanian Hunger de Darkthrone que le Pentagram de Gorgoroth. Pourtant, aucune impression de déjà-vu ne s’élèvera.

La force de MÜRG fut de croire que tout n’avait pas été dit. Varg & Björn trouve un sillon libre dans la profusion incroyable de l’époque et délivre ce morceau de Black Metal old school comme une trouvaille archéologique. Parfaitement préservée mais dont la datation au carbone 14 nous fera douter, la musique incarne l’esprit de son époque : des moyens (a priori) limités aux échos caverneux, un caractère brute, minimalisme des compositions quand le Black Metal se définissait selon l’adage « le plus est l’ennemi du bien ». La musique se révèle épique, gonflée par un chant guttural rageur. Les deux s’accompagnent, se confrontent, se jugent, s’assemblent pour former un ensemble à vous coller les deux bras en l’air mais recouverts de frissons. Ou vous perdre dans ses méandres magnétiques aux motifs vertigineux dans des compositions mi-tempo.

La nostalgie est un sentiment avec lequel il est dangereux de jouer. Trop souvent limitée à un appel du pied, censée caresser le fan dans le sens du poil. Ici, aucune basse démarche mais cri de ralliement à une vague dont la flamme a vacillé à mesure que ses représentants s’éloignaient. Et qui n’a (finalement) rien perdu de sa superbe. MÜRG ne rappelle aucune troupe d’outre-tombe, ne déterre aucun cadavre. Il ne fait jouer que sa mémoire et réveille le passé. La nostalgie n’a jamais été aussi bonne amie.

MÜRG – Varg & Björn (Nordvist Produktion), sorti le 30 mars 2015.

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