
Music Mini Review: Azealia Banks – Broke With Expensive Taste (Azealia Banks/Prospect Park)
Ça y est! Après deux ans de bataille et d’embrouilles avec le groupe Universal, la vénéneuse Azealia Banks balance enfin son premier album, Broke With Expensive Taste. Sorti, un peu, par surprise sur le net, on peut enfin se faire une idée de ce à quoi il ressemble. Alors, toute cette attente sera t-elle enfin récompensée…?
On avait découvert Azealia Banks en 2011, avec son morceau incendiaire 212, en featuring avec Lazy Jay. Avec son côté dirty rap et son ambiance éléctro-house, cette bombe dont les paroles sont une ode au cunnilingus, avait fait danser la planète entière. Puis vinrent l’EP 1991 et la mixtape, intitulé Fantasea qui enfoncèrent le clou. La jeune new-yorkaise s’intronisait reine du sous-genre appelé «witch-hop», basé sur des sonorités électro plutôt lourdes, empruntées à la house et à l’eurodance et accompagné d’un flow hip-hop omniprésent. La belle utilise des samples du groupe Prodigy et collabore avec Pharrell Williams ou Childish Gambino (son alter-ego masculin), bref rien ne semble lui résister. Malgré tout, elle ne se fait pas que des amis dans le milieu de l’industrie du disque et rentre en conflit avec Universal qu’elle finira par quitter par la suite. La date de sortie de Broke With Expensive Taste fut alors repoussé aux calendes grecques et pourtant, le revoilà, alors que plus personne ne l’attendait.
L’album s’ouvre sur Idle Delilah, morceau minimaliste, à la rythmique déstructurée durant lequel la chanteuse déballe un flow verbal quasi ininterrompu. Tout de suite, on retrouve le parfum des 90’s, ce côté un peu old-school qu’elle semble particulièrement affectionner. Sur Gimme A Chance, elle sample un morceau du groupe américain, Enon pour un résultat surprenant. On se retrouve à écouter un morceau de salsa, ensoleillé qu’on croirait sorti du Buena Vista Social Club. A ce titre, la fin du morceau peut laisser assez sceptique. Desperado revient aux fondamentaux, avec un beat compressé et insistant, sur lequel Azealia déroule une fois encore son flow glacial et meurtrier. Sur JFK, elle collabore avec Theophilus London et applique une nouvelle fois la recette. Un morceau qui mitraille tout sur son passage, aiguisé pour faire danser les kids, dans quelques clubs hypes des grandes capitales. Bien évidement, 212 ne pouvait pas ne pas apparaître sur Broke With Expensive Taste et malgré le grand nombre d’écoutes, le morceau est toujours aussi imparable et puissant.
Le morceau Wallace apporte un peu de mélodie à un album qui, il faut le dire, en manque tandis que Heavy Metal and Reflective et BBD assènent, avec la légèreté d’un marteau-piqueur un beat incroyablement lourd. Faisant preuve d’une certaine radicalité, Azealia Banks nage à contre-courant. Loin du R’n’B roi, elle préfère se baigner dans des eaux plus poisseuses et sombres. Son phrasé tel un couperet qui tombe, ne s’embarrasse pas de vibes et d’effets de voix. Azealia Banks ne chante pas, elle rappe! Sur de l’électro, peut-être, mais elle rappe! Yung Rapunxel est d’ailleurs là pour nous le rappeler. Énervé, violent et saturé, le morceau vous tombe sur le coin de la gueule comme une tonne de brique et vous vous retrouvez assommés par ce déluge bruyant de fureur. Chasing Time et Luxury, sans déroger aux règles qui régissent tout l’album, s’aventurent rapidement sur les terres de la pop, occasionnant une petite parenthèse plus légère et colorée.
Et soudain, une hallucination auditive… Nude Beach a Go-Go, sorte de fils caché d’un tube des Beach Boys, débarque d’absolument nulle part. Azealia Banks verse dans la guimauve surf-pop et même si le morceau est fun, il n’a absolument aucune légitimité ici. Heureusement, la dirty house des morceaux Miss Amor et Miss Camaraderie mettent un terme à tout ça. Malgré les indéniables qualités de ce Broke With Expensive Taste, finalement, on regrettera le fait que 212, morceau sorti il y a trois ans, soit le morceau le plus efficace de l’album. Ce n’est pas le seul que l’on retiendra mais aucun des autres ne l’égalent. Le premier album de Azealia Banks était attendu au tournant et il s’avère finalement efficace et souvent inspiré. A coup sûr, elle n’a pas finit de faire parler d’elle.