
Music Mini Review : FIDLAR – Too (Mom + Pop Music)
Arrivés avec bière et fracas sur la scène punk en 2009 puis avec un album éponyme en 2013, les quatre loulous de FIDLAR (acronyme de « Fuck It Dog, Life’s A Risk ») sont de retour avec leur nonchalance et leurs têtes à claques bien sympathiques. Et pour ce second effort, le bien nommé Too, l’enjeu est de taille. Pas facile en effet de succéder à l’urgence crasseuse et rigolarde de la flopée de tubes contenue sur leur premier né (Cheap Beer, No Waves, 5 to 9, Max Can’t Surf ou Cocaine). Seules solutions envisageables : évoluer ou cogner plus fort.
Sur le morceau d’ouverture et premier single 40 oz. On Repeat, on croit comprendre que le quatuor a opté pour les deux. Pour un peu plus de maturité. Mais pas trop non plus. Après avoir raconté la glandouille et l’ennui caractéristique de la jeunesse US tout au long de leur premier, ce second s’ouvre sur une bravade punk post succès (And I’ll just scream and shout, that I’ll never sell out / I’ll never sell out, man! / Wait… how much?) qui continue de chanter la défonce et l’excès (I’m gonna lock myself inside my room/ With this 40 ounce on repeat). Un titre diablement efficace, soutenu en plus par un clip qui l’est tout autant (voir plus bas).
Sur Punks, titre trompe l’oreille, FIDLAR surprend un peu plus en lorgnant du côté du blues énervé, le tout porté par les hurlements adolescents du chanteur Zac Carper. Surprenant toujours, cette nouvelle version d’un titre datant de leur EP de 2012, West Coast, plus longue et agrémentée d’un pont un brin désabusé (And all my friends they just stay the same/ I’m growing up but nothing’s changin’).
Déprimés les gars de FIDLAR ? Non. Mais assurément paumés, comme l‘époque dans laquelle ils évoluent. Pourtant, les titres suivants restent empreints d’une certaine fraîcheur et d’un côté guilleret et pop à souhait, comme sur le cartoonesque Why Generation et le légèrement énervant Sober. Si on apprécie son côté barré, le titre finit par fatiguer au bout de plusieurs écoutes, surtout à cause de son intro parlée méchamment lassante. Si Leave Me Alone fait redescendre la sauce, surtout avec son intro poussive (I’m stupid/So stupid/An a hopeless/Romantic), Drone, sorte de love child de You Really Got Me des Kinks et de God Save The Queen des Pistols, se charge de prendre la relève. Troisième single de l’album, le titre tape juste et démontre ce que le groupe sait faire de mieux : reprendre une formule punk simplissime et l’infuser avec son énergie adolescente.
Mais à partir de là, la qualité commence à baisser. Sur Overdose par exemple, FIDLAR ralentit la cadence et reprend la guitare sèche. Seul morceau calme de l’album, cette ballade qui pourrait sonner comme une respiration fait méchamment redescendre le soufflé. La chanson suivante, Hey Johnny, est une des plus faiblardes, ne parvenant à convaincre ni côté chant, ni côté mélodie. Stupid Decisions sonne quant à lui comme une chanson empruntée à Weezer époque Make Believe (pas la meilleure donc). Si l’exercice est réussi stylistiquement, on est quand même un peu déçu d’entendre ceux qui chantaient Cheap Beer il y a deux ans s’adonner à ce genre de choses.
Dur donc de remonter la pente après ce ventre mou, même si Bad Medecine essaie de sortir les griffes. Si le riff d’entrée pouvait s’annoncer prometteur, le reste sonne faux et perd en puissance. Bad Habits, morceau final de l’album est heureusement plus intéressant, mais ne possède pas la rage qu’on pouvait espérer. Alors que sur leur premier album, FIDLAR terminait avec le double titre survitaminé (c’est le cas de le dire) Cocaine/Cheap Cocaine, ce dernier morceau se clôture sur les paroles « Oh my God, I’m becoming my dad ! ». Une ironie qui souligne tout de même une réalité : en deux ans, les quatre éternels ados ont un peu perdu ce qui faisait leur fraîcheur.
En demi-teinte, Too alterne donc entre les franches réussites qui sauvent l’album et les chansons à la limite du passable. Si on peut reconnaître à FIDLAR le fait d’avoir essayé de muter en douceur et de tenter de nouvelles sonorités, la greffe a malheureusement du mal à prendre par moments. Même si on peut toujours leur faire confiance pour exploser en live, le groupe peine à totalement s’imposer sur la chaîne hi-fi. Un syndrome malheureusement assez courant chez les groupes punk/garage, qui ont tendance à démarrer fort mais à exploser en plein vol. Espérons que cette petite descente n’amorce pas la chute.
Play it: 40 oz. On Repeat, Punks, West Coast, Drone
Skip it: Hey Johnny, Stupid Decisions, Bad Medicine
Sortie le 4 septembre