
Music Mini Review: Hangar – Ivre Mer (Universal Music)
Périlleux exercice auquel je m’adonne aujourd’hui : tenter la critique d’un album français. C’était pas gagné car pour être complètement honnête avec vous, la chanson française et moi-même, on ne se comprend pas vraiment. Hormis certains classiques, quelques fulgurances pop et la scène électro de ces dernières années (Jackson & His Computer Band, Gesaffelstein, Kavinsky…), les artistes français et moi, on ne parle pas la même langue. Alors quand l’occasion s’est présentée, dans une sorte de trip masochiste, je m’en suis saisi. Oui, la vie, c’est pas toujours facile…
Ce sextet originaire du Cap Ferret qui avait fait la première partie de la tournée de M en 2010 revient en cette fin de mois de mars avec son second album, Ivre Mer. D’ailleurs, l’influence de Matthieu Chedid flotte sur une grosse partie de l’album, avec ces gimmicks funky et ses riffs de guitare entêtants. Hangar semble avoir engrangé tout ce qu’il pouvait durant sa tournée avec l’artiste. Ce qui surprend à l’écoute de Ivre Mer, c’est son coté protéiforme. À chaque morceau, alors que l’on pense avoir saisi le sens que prend l’album, on est quelque peu déstabilisé par les contre-pieds incessants. Entre ballades un peu insipides et morceaux pop plus enlevés et vaguement plus intéressants, l’album réussit quand même à trouver un certain équilibre. Le mérite revient peut-être aussi à J.P. Plunier, réalisateur de l’opus, qui est aussi producteur des albums de Ben Harper et Jack Johnson.
Les guitares ont une place de choix dans leurs compositions et le groupe ajoute des pointes plus chaleureuses avec l’ajout de cuivres, bien senti. L’album peine quand même à trouver ses marques et manque de vrais hits mais les mélodies restent malgré tout agréables. Ce qui m’a le plus dérangé finalement, c’est la voix du chanteur Antonin Batherotte. À mon sens, elle manque de profondeur, de nuances, en somme, elle manque d’émotion. Et puis, je ne m’en cache pas, quand ça chante français, ça me perturbe… Je n’y peux rien, je bloque un peu et au risque de faire hurler certains, je pense que notre magnifique langue ne se prête pas à tous les exercices. Oui, ça peut paraître absurde mais à mon oreille, l’anglais possède une sonorité beaucoup plus musicale. Peut-être mes lointaines origines irlandaises… Je suis de ceux pour qui la voix n’est qu’un instrument de plus sur la partition et pour qui la musique, la mélodie et le beat ont plus d’importance que le sens des paroles. J’assume… La lapidation peut commencer !
Maintenant, au cas par cas, je retiendrai quand même des morceaux ci et là. À commencer par le premier, intitulé Écoute, qui avec sa nonchalance et ses airs surf-pop, rappelle le petit groupe français qui cartonne, La Femme. Impasse sur le second titre sirupeux et oubliable pour se concentrer sur Tatoo qui déroule une pop gentiment funky et ensoleillée alors que le suivant, Descends, exhale des senteurs bien plus 80’s. Les premières notes de La Miss du Sud nous rappelle Dire Straits avec ce son de guitare si ricain, avant que le refrain kitshissime ne se vautre du côté de Philippe Lavil. De la «joie» aux larmes en un seul et même morceau… Mister Power -et son synthé cheap – lorgne quant à lui du côté de Dutronc dans ses premières heures mais également de Polnareff. Mention spéciale à deux titres, Août et Ivre Mer. Tandis que l’un est une ballade épurée et mélodieuse, l’autre, très M-esque, nous pénètre langoureusement. Peut-être le meilleur morceau de l’album, Ivre Mer instille sa douceur et on se retrouve vite suspendu à ces quelques notes de guitare cristallines. Un très joli moment… Les deux derniers titres n’apportent rien de plus à cet album finalement assez gentillet mais sans vraie accroche.
Sortie: le 31 mars 2014
Exactement le style d’idee que je me fesait a propos de ce sujet, merci grandement pour ce succulent article.