
Music Mini Review: Jacco Gardner – Hypnophobia (Polyvinyl Records)
Pour son second album, Jacco Gardner évolue tout en restant dans la continuité. Le néerlandais nous avait fait très forte impression avec son Cabinet of Curiosities, un écrin délicat duquel s’échappaient de vaporeuses pop-songs 60’s et pour Hypnophobia, il ne déroge pas à ses influences délicieusement psychédéliques. Après avoir invoqué Syd Barrett, voilà qu’il invite à sa table, The Kinks, The Monkeys ou encore Serge Gainsbourg. Le printemps est enfin là!
Compositeur, chanteur et multi-instrumentiste, à 27 ans, Jacco Gardner a tout du petit prodige. Ses compositions pop et légères, son songwriting inspiré donnent naissance à un univers de rêveur, plein de mélodies entêtantes et douce-amères. Ce second album, à l’instar du premier, transpire les 60’s mais avec plus de modernité. Hypnophobia s’offre davantage de pistes uniquement instrumentales et se pare d’une ambiance presque cinématographique. Dès les premières nappes de synthés, on reconnaît la patte de l’artiste. Another You s’inscrit dans la droite lignée de Cabinet of Curiosities et nous offre un petit morceau pop aux sonorités old-school mais à la composition résolument moderne. Grey Lanes, le second morceau, totalement instrumental nous enveloppe de ses douces notes de piano pour nous amener dans un trip onirique et coloré d’une fascinante subtilité. Chaque instrument trouve sa place dans une délicate communion.
Le morceau suivant, Brightly, porte son nom à merveille tant il inonde de lumière. De l’intimiste, le titre progresse vers une explosion pop mélancolique et lumineuse, d’où surgissent des cœurs évanescents. Quand Find Yourself pointe le bout de son nez avec sa basse bien ronde et groovy, on songe alors au groupe Temples et une fois encore, Jacco Gardner parvient à nous emporter dans un tourbillon 60’s imparable. Avec Face to Face, il signe un morceau lunaire, robotique et SF déroutant, d’où transpire toute son inventivité. Inventivité que l’on retrouve tout autant dans Before the Dawn, titre acidulé, à la mélodie répétitive à l’infini mais profondément hypnotique. Le morceau le plus long est certainement aussi le plus perché. Gardner superpose les nappes d’instruments et accouche d’un mille-feuille musical aussi fascinant qu’il en devient bordélique.
Les compositions laissent le temps à chaque morceau d’exister, d’évoluer, à l’image du titre éponyme de l’album, qui semble ravivé les cendres de Quicksilver Messenger Service jusqu’à ce que la basse nimbée de nappes synthétiques ne viennent enflammer le morceau. All Over qui clôture l’album, avec sa mélodie simple et ses envolés de synthés oldies, soutenu par une basse groovy sonne comme un générique de fin. L’artiste touche-à-tout déploie des arrangements plein de mélancolie et de finesse et construit un album d’une incroyable cohérence. Sans jamais tomber dans une nostalgie mortifère, Jacco Gardner donne sa propre version de la pop psychédélique, aux croisements de nombreuses influences. Il la revisite et avec Hypnophobia, il lui donne un relief, une tonalité, une rondeur incroyablement rafraîchissante. En un mot: indispensable!
Jacco Gardner – Hypnophobia (Polyvinyl Records)
Sortie le 4 mai 2015