Music Mini Review : Kindness, Otherness (Pias Cooperative)

Music Mini Review : Kindness, Otherness (Pias Cooperative)

Note de l'auteur

Kindness-OthernessQu’on se le dise, Adam Bainbridge alias Kindness n’est aucunement intéressé pour faire de la soul/r&b normale, ou des hymnes à la joie. Ne vous méprenez pas : les cuivres dub qui sont le socle, et la progression funky de « World Restart » sont une introduction très chaleureuse. Mais au fur et à mesure du deuxième opus du britannique, Otherness, le titre suivant le trouve abattu et implorant de « trouver quelqu’un d’autre » sur fond du breakbeat de « Take Me To The Mardi Gras » singulièrement ralenti. Il ne s’agit pas de souffler le chaud et le froid avec cet album, mais de dépeindre un orage relationnel de la manière la plus brute possible.

Pour ce faire, il ne met pas forcément sa voix en avant mais convoque pléthore de collaborateurs très en vue : Dev Hynes, architecte de Blood Orange intervient sur « Why Don’t You Love Me », dont les harmonies imparfaites plairont aux amateurs de Prince & The Revolution façon « I Wonder U ». Mais aussi Robyn, qui n’a jamais eu froid aux yeux pour se mettre en danger, entonne une chanson avec une sévère gueule de bois avant que des orgues Hammond l’enveloppent sur « Who Do You Love ». En solo, sans apport de Kindness pour apporter un contrepoint masculin. « How do you make a connection? » se demande-t-elle logiquement.

Otherness, c’est aussi un trip de musicien, aux arrangements de la vieille école : la basse désaccordée de « With You », avec Kelela, donne beaucoup de relief au titre, et le mixage de l’album est extrêmement chaleureux. Si trace de Pro Tools il y a, cela ne se sent pas dans un environnement très analogique. Bainbridge se permet tout, même une citation fulgurante de Art Of Noise sur le même titre. Sensuel et susurré, Otherness l’est souvent. Mais il remet aussi un peu de claustrophobie dans la babymaking music (on peut l’écouter ainsi, if that’s what you’re into). Bref, un examen de passage cohérent, surprenant passé haut la main, avec sincérité et humilité : Bainbridge sait s’effacer pour laisser place à ses idées musicales et les artistes qu’il invite. Mais lorsqu’il apparaît il fait preuve d’un vrai charisme, comme sur « For The Young ». A coup sûr, un tour de force qui va mettre la compétition à mal en cette fin d’année.

Play It : Who Do You Love feat. Robyn, For The Young

Skip It : rieng.

Sortie lundi. Album en streaming ici. Ou là.

Partager