MUSIC MINI REVIEW : LOW, ONES AND SIXES

MUSIC MINI REVIEW : LOW, ONES AND SIXES

Note de l'auteur

Low revient avec un onzième album et donne son meilleur sur les morceaux tendus et austères. La réussite du disque repose également sur les deux voix, féminine et masculine. Les morceaux ne sont jamais aussi touchants que quand elles s’entremêlent. Dommage, le disque perd un peu en intensité sur les chansons les plus pop.

LOW_OnesSixes_coverLe terrain de jeu de Low ne paraît pas si grand vu de l’extérieur. Et pourtant Ones and Sixes, onzième album du groupe qui sort sur le label Sub Pop ne se laisse pas saisir si facilement, ce qui est plutôt bon signe. Les premières écoutes ne permettent pas d’en faire déjà le tour. On ne parle même pas d’une oreille distraite… Constitué par un couple de mormons, Alan Sparhawk (chant, guitare, clavier) et son épouse Mimi Parker (chant, batterie), Low est apparu sur les écrans radars dans les années 90. Il s’est vite vu propulser comme les dignes représentants US du slowcore, ce courant qui prend un malin plaisir à jouer ses chansons au ralenti et les étirer, au risque de plonger l’auditeur dans l’ennui. Rien de tel sur le dernier album de Low qui n’hésite pas à pousser un peu les murs branlants de sa musique et à retourner chaque centimètre carré des fondations. Chaque instrument, chaque effet se détache, comme passé sous un microscope.

Ones and Sixes est traversé par deux forces contraires. D’un côté, le groupe paraît comme cloué au sol, écrasé par une atmosphère lourde et tendue. Le son est rêche, la guitare crisse, les rythmes se font lourds. De l’autre, Low tente de lâcher du lest. Le disque offre quelques accalmies, voire même des morceaux très pop. Et il y a toujours cette voix cristalline, celle de Mimi Parker qui semble flotter au-dessus de la musique. Un des grands atouts de Low est définitivement le mariage de sa voix et avec celle d’Alan Sparhawk, plus âpre. Quand les deux s’entremêlent, difficile de rester insensible.

Dans le détail, l’album s’ouvre sur un morceau quasi trip-hop, bricolé avec pas grand chose : Gentle, c’est quelques notes sur un clavier qui cèdent la place à un bourdonnement, un rythme sale et répétitif, un peu de guitare. Les voix d’Alan Sparhawk et Mimi Parker s’entremêlent parfaitement. La suite nous place en terrain connu avec No Comprende, un titre dévoilé au début de l’été, ce qui nous a laissé un peu de temps pour l’apprivoiser. Un titre tout en tension – on est saisi dès le début – chanté comme une complainte, où là encore les deux voix offrent un très beau contraste. Comme si elles cherchaient à se rejoindre, en empruntant des voies très différentes, un chemin escarpé pour Alan Sparhawk, les airs pour Mimi Parker.

Le groupe trébuche un peu ensuite en sortant un morceau calme et pop, Spanish translation avec un refrain un peu lyrique. Plus, et cela paraîtrait forcé. Mieux tenu, plus sobre, Congregation évoque un peu le trip-hop des années 90. Avec un son plus léché, il n’aurait pas dépareillé sur le Mezzanine de Massive Attack. C’est peut-être ce qui fait qu’on passe à côté d’un grand album, ces titres pop qui s’enchaînent et évacuent la tension du début, tension qui réapparaît sur la deuxième moitié du disque et culmine sur Landslide, le morceau de bravoure du disque et pas seulement par sa durée (9’50 minutes). L’auditeur a l’impression d’être face à un de ces ciels qui changent en un quart de seconde, menaçant, franchement orageux avant de s’éclaircir. Ou pas. A la fin, on ne sait plus à quel saint des derniers jours se vouer : il n’y a plus de paroles, Mimi Parker se tue juste à fredonner un air sur la guitare saturée de son compagnon. Ones and Sixes aurait pu se clore sur ce titre, laissant l’auditeur sonné. C’était sans compter le très beau DJ. Lente et triste à souhait, cette chanson fait une fois de plus la démonstration que ce groupe n’est jamais aussi touchant qu’en mêlant ses deux voix plutôt que de les cloisonner.

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