Music Mini Review: Muse – Drones (Warner Bros.)

Music Mini Review: Muse – Drones (Warner Bros.)

Note de l'auteur

MuseDronesCoverLe bulldozer pop-rock britannique est de retour et ça va faire très mal. Après les expérimentations opportunistes et de mauvais goût, à base de dubstep sur The 2nd Law, Matthew Bellamy et sa bande reviennent à un son plus rock et plus basique en remettant les guitares au cœur de leurs compositions. Sur le papier, on pouvait s’en réjouir… Oui, sur le papier… Car à l’écoute, autant vous dire qu’on déchante et que la chute est dure.

 

En 16 ans de carrière, Muse est devenu un « super band » capable de remplir des stades entiers et faire scander leurs refrains à des foules en pleine extase. À l’instar de l’horrible U2, le groupe s’est mué en véritable monstre bouffi, difforme et lourdingue. Empêtré dans une grandiloquence toujours plus insatiable, Muse revient donc en ce mois de juin pour nous livrer Drones, un album aussi pachydermique que vide. Un empilement de morceaux plus lourds les uns que les autres, autant de titres sans âme, aux discours d’une naïveté consternante. Car oui, Matthew, il dénonce ! Les drones c’est dangereux, la déshumanisation c’est mauvais, la guerre c’est pas bien et les théories conspirationnistes sont partout… Rien de bien nouveau en soi puisque le groupe a toujours été porté sur ces sujets que sont les dérives technologiques ou l’oppression politique. Mais ici, c’est martelé avec tellement peu de finesse que s’en est insupportable. Les titres s’enchaînent en reprenant de vieilles recettes du groupe, à savoir des riffs déjà entendus et le tout forme une baudruche indigeste qui aligne les fautes de goût. Muse a fini sa monstrueuse mutation en animal de foire taillé pour le karaoké (coucou leurs clips hideux) et plus rien ne semble pouvoir l’arrêter.

 

Le premier morceau, Dead Inside, annonce la couleur. Oui, les guitares sont de retour, pour le meilleur mais essentiellement pour le pire. Taillé pour les ondes, le titre avec sa rythmique martiale et ses faux airs glam, peine à convaincre. Dans la foulée, Psycho nous assène un riff lourd et fuzzy efficace mais malheureusement, Muse se répète et tombe dans l’auto-plagiat. Dommage ! Arrive alors l’atroce et dégoulinant Mercy avec son piano sorti tout droit de chez Coldplay. Je ne remets pas en question le talent de Bellamy mais que ce soit au niveau du son ou de la mélodie, ici, rien ne peut être sauvé. Le groupe se vautre lamentablement dans cette pop song kitsch, laide et prétentieuse. Heureusement, le début de Reapers parvient à nous remettre légèrement d’aplomb en nous offrant une intro très guitar hero, genre dans lequel le groupe excelle. Très démonstratif et peu digeste, Reapers parvient tant bien que mal à retrouver l’inspiration des débuts. Le morceau tente de sortir son épingle du jeu et y arrive presque, même si une fois encore, l’impression de déjà-vu pointe le bout de son nez et pour cause puisque Muse singe AC/DC et Rage Against the Machine, comme ça, l’air de rien. J’ai envie de dire, pour une fois qu’ils ne tentent pas d’imiter Queen

 

muse2Nous voilà arrivés à mi-parcours et pour le moment, le bilan n’est franchement pas glorieux. The Handler assène une batterie lourde et pataude tandis que Matthew Bellamy en fait des tonnes. À ce stade, tous les riffs de guitare semblent se ressembler et le morceau finit par se noyer dans cet océan de mélodies sans âme. Je vous épargne les pistes qui balancent des discours sentencieux et lénifiants (coucou Drill Sergeant et JFK) sur les grands maux de notre monde et passe donc directement à Defector, huitième titre en chef de l’album. Là encore, le groupe fait dans le pompiérisme assez grossier, voire presque daté. C’est lourdingue, fastidieux et sans réelle saveur mais ce n’est rien à côté de Revolt, summum de mauvais goût. Muse s’approprie ce que Queen a pu faire de pire et régurgite un truc pop grotesque sans queue, ni tête sur lequel Bellamy vient poser une voix geignarde insupportable. Au secours ! Passé les terribles nausées, on prend son courage à deux mains et on tente de reprendre l’écoute sans être sûr d’en ressortir indemne.

 

Car, vraisemblablement le but du Bellamy et sa bande est de nous achever, de nous faire mettre un genou à terre et de nous écraser sous le poids de ses dégoulinantes mélodies. Aftermath va dans ce sens et joue la carte du slow 90’s que n’aurait pas renié Bryan Adams. Incapable de faire dans la légèreté ou pourquoi pas, le minimalisme, le groupe ne conçoit ses titres qu’à travers de larges envolées mégalos, quitte à forcer le passage jusqu’à nos pauvres petites oreilles. Là encore, un tel kitsch paraît surréaliste. Mais Muse sait que dans les stades, son titre sera éclairé à la lueur de milliers de briquets. Car finalement, c’est ça qui compte, enchaîner les tubes qui feront de leurs concerts des shows bigger than life. Si, arrivés ici, vous êtes comme moi, bien mal en point face à tant d’effroi, préparez-vous car voilà le plat de résistance. The Globalist, du haut de ses dix minutes, se veut être le climax de Drones. À l’instar du tryptique Exogenesis sur l’album The Resistance, le titre qui oscille entre composition rock et orchestration symphonique, est à l’image du groupe. Ambitieux et plein d’envie mais tellement grandiloquent et lourd qu’il en devient risible et vain. Muse est devenu un gigantesque édifice surchargé d’un symbolisme écœurant et outrancier duquel nous parviennent les chœurs de Drones, dernier morceau de l’album. Un chant religieux, presque un chant du cygne pour un groupe qui s’est à jamais perdu dans les limbes du star-system. Rest in peace

 

PS : Et aujourd’hui, on fête un joyeux anniversaire à Matthew Bellamy !!!

 

 

Muse – Drones (Warner Bros.), sorti le 8 juin 2015.

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