
Music Mini Review : OST Prisoners de Jóhann Jóhannsson (WaterTower Music)
C’était attendu, il fallait bien qu’un jour ou l’autre la fine fleur de la vague électro-acoustique-contemporaine vienne se frotter à l’exercice de la musique de film. C’est donc au vétéran Jóhann Jóhannsson d’ouvrir le bal et le moins qu’on puisse dire, c’est que le compositeur islandais a mis la barre très haut.
L’album s’ouvre sur une série de titres quasi liturgiques qui s’enchaînent presque sans discontinuité, formant ainsi une introduction sombre à une histoire qui s’annonce encore plus sombre. Si l’on pense évidemment à Arvo Pärt, l’influence de Ryūichi Sakamoto (Discord) n’est pas loin non plus, surtout dans le thème principal. Petit à petit, Jóhannsson introduit des éléments électro-expérimentaux typiques du mouvement dont il est issu, et notamment un travail sur le violoncelle et les basses, qui n’est pas sans faire penser au By The Throat de Ben Frost ou à Solaris du même Frost et Daniel Bjarnason.
Mais c’est surtout dans l’incroyable maîtrise de chacun des éléments mis en place et dans leurs variations au sein d’une partition que l’on devine extrêmement pensée, que Jóhann Jóhannsson tire son épingle du jeu et parvient à se différencier de toutes les influences suscitées. Ne nous y trompons pas, nous avons affaire à une bande originale de très haut niveau qui n’hésite pas à prendre des effets « à la mode » (comme l’arrêt soudain d’un morceau) pour mieux servir son propos et son évolution progressive vers « l’absence » de notes, comme en témoigne The Snakes, morceau qui raisonne comme un écho lointain des thèmes joués en début de disque.
Le morceau final, Prisoners, reprend traditionnellement les thèmes abordés tout au long du disque, mais livre de surcroît une magnifique et nécessaire conclusion à une partition qui se classe d’ores et déjà comme l’une des meilleures de l’année. Le film quant à lui sort le 9 octobre et on espère très fort qu’il sera à la hauteur de sa musique.