
Music Mini Review : Perpetual – Ryuichi Sakamoto, Illuha, Taylor Deupree (12k)
Grand maître de la scène d’improvisation, le guitariste Derek Bailey disait qu’une bonne impro ne pouvait naître qu’entre deux musiciens n’ayant jamais joué ensemble. Si cela peut-être vrai pour certains musiciens, cela l’est nettement moins pour Ryuichi Sakamoto.
La plupart de ses collaborations électroniques ont eut, en effet, des départs un peu hésitants. Comme si le musicien avait besoin de s’habituer à son interlocuteur, de comprendre sa musique afin de pouvoir se placer et ainsi réaliser un disque cohérent. Néanmoins, chacune de ces collaborations ont finalement systématiquement aboutie à quelque chose de magnifique, voire même à des chefs d’œuvres comme Cendre avec Christian Fennecz.
Enregistré en public lors du 10ème anniversaire du Yamaguchi Center For Arts And Media, Perpetual est donc la seconde collaboration entre Sakamoto et Dupree qui sont ici rejoint par le groupe Illuha (Corey Fuller et Tomoyoshi Date) et même s’il s’agit là d’une œuvre improvisée, le compositeur semble nettement plus à l’aise avec le style Dupree qu’il ne l’était sur Disappearance. Absence de filet peut-être, l’artiste japonais se livre à corps perdu au jeu de la musique improvisée et se fond parfaitement avec les idées et les sons de chacun de ses collaborateurs.
Au final, Perpetual est sans doute ce qui se fait de mieux dans le genre. Chacun des musiciens avance à l’écoute de l’autre dans le seul but de construire une œuvre à la beauté et à l’équilibre fragile que le moindre son de trop pourrait venir briser. C’est une expérience musicale qui offre à chaque instant de nouvelles sonorités, de nouvelles idées que les artistes développent avant de passer lentement à autre chose. Une osmose quasi magique règne entre les quatre musiciens qui feraient presque croire qu’ils savent parfaitement où ils vont, alors que… ben pas du tout en fait.
Inutile de dire que les chanceux qui ont assistés à ce concert on vu quelque chose d’exceptionnel se dérouler sous leur yeux. Un truc qui n’arrive pas souvent, voire qui n’arrivera même plus jamais. Quant aux autres (bouhouhou), il leur reste ce très bel album, témoin sonore d’une magnifique performance.
(note pour plus tard : aller au Japon, bordel !!!!)