
Music Mini Review : The Music of GTA V (Mass Appeal/Differ-Ant)
Un gargantuesque coffret de 3 CD et 6 vinyles en edition limitée est une incursion de la franchise phare de RockStar Games dans les bacs. C’est la première qui soit aussi complète, après plusieurs compilations et EP tirés des stations phares des précédents jeux. Un passage obligé, tant la musique est devenu un élément-clé dans le gameplay, avec une vingtaine de stations radio animées par des pointures tous azimuts.
D’emblée balayons la pertinence du tracklist de ces trois albums séparés : l’album Original Music composé d’inédits réunis par Oh No, la compilation (The Soundtrack) réunissant une vingtaine de titres extraits de plusieurs stations (2 titres de chaque) sont conçus pour être picorés et étendre l’expérience de GTA sur son baladeur MP3 ou en voiture (conduisez prudemment, l’abus d’alcool et substances illicites est dangereux pour la santé).
Au niveau des inédits, The Music of Grand Theft Auto n’a rien à envier aux meilleures BO de films indés, avec un thème respecté : la musique californienne actuelle. Une version barjot et pointue du California Dreamin’, avec quand même un peu de carjacking. On peut passer d’une Cadillac enfumée avec l’association BJ The Chicago Kid/Freddie Gibbs/Problem (« Smokin’ and Ridin' ») ou le sous-Too $hort de 100s (« Life Of A Mack »), à une autre voiture de hipsters en route pour Coachella. Là, on peut y écouter HEALTH et « High Pressure Dave » ou la pop tubesque de Favored Nations (« The Set Up »). La carte de Californie est complétée par un titre de Flying Lotus, qui se rapproche de l’esprit truculent de ses productions pour Thundercat, et rappelle au passage qu’il a une station rien qu’à lui dans le jeu (et même un personnage).
Hors titres rap, l’album « Original Music » capture mal les titres qui frappent au plexus directement, malgré les contributions de Wavves (« Nine Is God »), et le Depeche Mode de poche (rime riche) de Age Of Consent (« Colours »). Mais c’est un défaut assez mineur, vu que l’atmosphère globale est beaucoup plus hédoniste, mais sacrément destroy. Ce qui est appuyé avec les sélections du Soundtrack : les sbires de Rockstar Games ont retenu le meilleur titre du dernier Toro Y Moi (« Harm In Change »), et mettent l’accent sur des découvertes. Par exemple, l’excellent Mexican Institute of Sound et la cumbia de « Es Toy », ou encore Dan Croll et « From Nowhere ». Paradoxalement, c’est le « Soundtrack » qui arrive à rendre toutes les couleurs et l’intérêt de la musique de GTA V : la tirade de bandit « Nobody Move, Nobody Get Hurt » de Yellowman ou la balade rock illustrative des missions de Michael, Trevor et Franklin « Ain’t Living Long Like This » de Waylon Jennings. Ou encore le classique « I’d Rather Be With You » de Bootsy Collins, qui a sa propre station.
On termine ce tour d’horizon avec un score groovy composé entre le producteur de rap Alchemist, Tangerine Dream, Woody Jackson, Oh No et DJ Shadow. Une dream team qui compose des thèmes groovy façon David Holmes (« His Mentor »), des envolées punk (« Minor Turbulence »), ou des montées en suspense plus classiques (« Mr. Trevor Philips »). Du travail d’orfèvre qu’on ne soupçonnait pas surtout de la part des deux producteurs Oh No et Alchemist, et qui offrent des perspectives créatives assez étonnantes de ce point de vue.
Gamer ou pas, la soixantaine de titres de The Music Of Grand Theft Auto V vaut largement le détour et s’affirme comme une des playlists les plus intéressantes de l’année. Et, comme dit précédemment, n’a pas à rougir auprès des compilations de films du même acabit tant elle colle à l’esprit de la franchise.