Music Mini Reviews : Avril / Mai 2013

Music Mini Reviews : Avril / Mai 2013

Ouais, ouais, ouais, je sais, on avait dit une fois par mois et le mardi. Seulement voilà, le jour où on a dit ça, on ne savait pas du tout de quoi on parlait. Faut pas tout le temps croire ce qu’on vous raconte. Donc, dorénavant, la MMR ça sera tous les 15 jours et voilà ! Attention, il est possible que ça change encore, au train où c’est parti, je ne réponds plus de rien. D’autant que la MMR s’étoffe avec l’arrivée du jeune Mathieu Poitier et des liens Soundcloud choisis par nos soins pour que vous puissiez écouter directement un morceau de notre sélection. C’est y pas merveilleux, hein ? Vous ne pourrez pas dire qu’on ne pense pas à vous, bande de chanceux ! Bon trêve de palabres, la MMR c’est tout de suite. Ici Sheppard, à vous les studios !

 

Colin Stetson – New History Warfare Vol. 3 To See More Light (Constellation)

Et maintenant, une petite histoire du père Sheppard : Alors qu’Archie Shepp était en enregistrement dans un studio parisien, un pauvre petit stagiaire eut le malheur de faire claquer la porte de la cabine pendant la prise. L’ingénieur tout penaud, demanda au saxophoniste s’il voulait refaire sa prise. Shepp avec sa bonne humeur habituelle, déclina l’offre et répondit alors dans un français des plus swing : « Tout est musique ».
J’ignore ce qui m’a fait penser à cette histoire la première fois que je suis tombé sur un album de Colin Stetson, si ce n’est que le gars semble être l’exemple parfait des mots d’Archie Shepp. Stetson souffle, beugle, chante et tape. Il utilise tous les sons produits par son instrument et par son corps pour composer les différentes couches de ses morceaux. Rien que la performance est impressionnante. Mais Stetson fait aussi parti de ces musiciens qui maîtrisent suffisamment leur technique personnelle pour pouvoir dépasser le stade du simple exploit. Plus qu’un performer, Stetson est un compositeur bougrement intéressant qui tente de faire reculer les limites de son saxophone basse jusqu’à le rendre méconnaissable. Alors même si le troisième volume de New History Warfare est un peu en dessous du second, même si le gars commence à tourner un peu en rond, sa démarche reste en tout point sensationnelle et mérite largement que l’on s’y attarde. Sheppard

https://colinstetson.com/

 

Wampire – Curiosity (Polyvinyl)

Alors qu’on n’en attendait pas tant, voilà une bonne surprise qui égaye ce printemps maussade. Nappée de synthés, la curieuse musique de Wampire surprend par ses fulgurances pop/rock un peu crasseuses. Rocky Tinder et Eric Phipps signent avec Curiosity un premier album à la fois tendre et nerveux, creepy et positif, sombre et lumineux. Entre envolées vaporeuses et riffs de guitare incisifs, leur musique évoque un Metronomy lo-fi avec Spirit Forest ou un MGMT moins psyché, plus garage sur The Hearse. Venus de Portland, les deux «Wannabe Vampires» (d’où leur nom) semblent partir un peu dans tous les sens mais finissent par trouver une formule cohérente et les mélodies nous imprègnent rapidement. Le romantisme un peu cradingue de ce groupe atteint sa cible avec une efficacité redoutable. C’est planant, foutrement envoûtant et la voix du chanteur rappelle celle du groupe Broken Bells (side project de Danger Mouse). Quand à la basse, pourtant discrète, elle amène une élégance et un groove évident sur certains morceaux comme le sexy Magic Light. Après quelques écoutes, on en redemande et on est vite prêt pour une nouvelle morsure. Mathieu Poitier

https://wampiremusic.com/

 

How to Destroy Angels – Welcome to Oblivion (Columbia)

J’ai toujours trouvé que le point faible de Trent Reznor était sa voix. Le gars est un demi dieu de la prod, c’est un fait, et sa collaboration avec Atticus Ross lui a permit d’aller un cran plus loin et surtout d’éviter de tomber dans la redite. Mais j’ai toujours trouvé dommage que ses projets ne bénéficient pas d’une voix plus marquante et plus inspiré, même si à la longue, on s’y fait.  Du coup, lorsque j’ai appris que le bonhomme avait laissé la place à une chanteuse, j’eus l’espoir que la voix allait enfin être au même niveau que la production et que ça allait casser la baraque. Seulement voilà, malgré tout le respect que j’ai pour la ravissante Mme Reznor, Mariqueen Maandig, je suis bien forcé d’admettre que sa voix n’a malheureusement pas grand-chose à dire de plus que celle de son mari. J’en suis même à regretter l’échange, tant les mélodies proposées sont presque aussi similaires que celles d’un album de NIN. Cela dit, rien que la production suffit à vous procurer des frissons sur la majorité des morceaux. Mais c’est lorsque celle-ci se fait un peu moins inventive et explore des sentiers maintes et maintes fois battus, que les titres deviennent de fait moins intéressants, voire carrément emmerdant, et cette absence terrible d’une voix particulière laisse au final une impression de déjà vu et de petite déception. Sheppard

https://howtodestroyangels.com/

 

Savages – Silence Yourself (Beggars)

J’y ai cru. Si, si je vous jure. L’espace des deux premiers morceaux, j’ai bien cru à la renaissance de la cold wave. Comme si soudainement, une nouvelle Souxsie Sioux s’était enfin levée d’entre les morts pour nous enchanter, nous misérables corbeaux tout habillés de noir. Mais en fait, non. Savages ressemble à l’un de ses groupes japonais dont l’imitation est parfaite mais qui manque cruellement de saveur et d’originalité pour vraiment être intéressant. A coup sûr, ça va plaire aux nostalgiques, mais je préfère encore me re-écouter Juju. Sheppard

https://savagesband.com/news/2/she-will

 

Queens of the Stone Age – …Like Clockwork (Beggars)

Enfin, ils sont de retour ! Non, je ne parle pas du (très bon) nouveau Daft Punk mais bien du grand roux et des agités de Queens of the Stone Age. En 15 ans et 5 albums, le groupe s’est fait une place de choix sur la scène Stoner/Hard Rock avec, comme morceau étendard, No One Knows. Alors que Josh Homme et sa troupe nous ont habitué à un rock fiévreux et nerveux, shooté à la mescaline, venu du désert américain, les voilà de retour avec un album un peu trop tiède à mon goût… Après 7 d’absence, on attendait de pied ferme le come-back du groupe et leur rock électrisant, d’autant que tout annonçait un opus de haut vol. Du beau monde se pousse au portillon de …Like Clockwork. Dave Grohl (Foo Fighters), Mark Lanegan, Nick Oliveri, Trent Reznor (NIN), Alex Turner (Arctic Monkeys) et en guest un peu «what the fuck?», Elton John. Bref, on était en droit d’attendre quelque chose d’assez grandiose avec de tels collaborateurs. Mais force est de constater que les featuring promis ne sont pas à la hauteur. Les riffs de guitares sont moins acérés, la rythmique plus pataude qu’à l’accoutumé et l’ensemble ne décolle pas complètement. Non pas que l’album soit raté, on retrouve bien le son fuzzy caractéristique du groupe et la voix unique de Josh Homme. Mais voilà, la recette finale est décevante quand on pense aux ingrédients utilisés. Toutefois on retiendra quelques morceaux ça et là, comme Keep Your Eyes Peeled, Smooth Sailing ou I Appear Missing mais la consolation reste un peu maigre. En attendant le prochain… Mathieu Poitier

www.likeclockwork.tv

 

Vampire Weekend – Modern Vampires Of The City (Beggars)

Bon, c’est vrai que Vampire Weekend n’a jamais été le groupe le plus original du monde, mais il y avait quelque chose de fort sympathique dans le premier album qui laissait présager une évolution vers des choses de plus en plus intéressantes. Si on a rapidement déchanté à l’écoute du deuxième album, là on perd carrément espoir. Pour faire simple, on dirait un mauvais album de Paul Simon qui lorgne maladroitement du côté de ses collègues histoire d’être dans le vent. Si certains morceaux peuvent sembler pas mal de prime abord, la production refoule tellement du bec que ça devient impossible d’aller jusqu’au bout. M’est avis qu’ils feraient bien de laisser tomber leur laptop et de revenir jouer dans un garage, ça leur ferait le plus grand bien. Sheppard

https://www.vampireweekend.com/

 

Portico Quartet – Live/Remix (Proper Music Depot)

Le jour où les gars de Portico Quartet ont décidé d’aller voir ce qui se faisait du côté de l’électro, ils auraient dû mieux se renseigner. Déjà l’album éponyme sentait un peu le manque d’inspiration, mais en live c’est pire. Quand on pense aux 2 premiers opus du groupe (Knee-Deep In The Northern Sea et Isla), ce revirement fait mal aux fesses. Mais c’est surtout quand on compare le Quartet avec d’autres musiciens ayant opéré le même changement de cap (surtout chez les nordiques), qu’on se dit que quelque chose s’est mal passé dans la conversion. Toute l’originalité de la formation semble s’être perdue dans le désir étrange de vouloir ressembler à tout le monde. C’est nul, ça partait tellement bien leur affaire. Sheppard

https://www.porticoquartet.com/

 

 Bryan Tyler – OST Iron Man 3 (Hollywood Records)

Si vous cherchez une compilation de toutes les dernières banques de sons spéciales film de kaboom, Bryan Tyler vient de vous en pondre une. Inception, Batman, Tranformers, tout y est ! Symptomatique d’un courant qui laisse plus la place au sound design qu’à la composition pure, Iron Man 3 est une collection de titres peu inspirés, bourrés de sons que vous ne tarderez pas à entendre au JT de 20h si ça continue comme ça. De la part de Tyler, je n’en attendais pas plus, mais ce score marque un malaise bien plus profond. Celui de l’incapacité de Marvel à trouver une identité musicale claire pour ses licences (malgré Alan Silvestri et Avengers). Et on me susurre qu’il n’y a pas qu’en musique qu’ils ont du mal… Sheppard

 

That’s all folks!

 

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