
Mutation et surplace (critique de Le Labyrinthe : La Terre brûlée de Wes Ball)
Après le succès surprise du Labyrinthe l’an passé, Wes Ball rempile avec le deuxième volet de son adaptation de la série de James Dashner. Confronté, comme ses héros, à l’élargissement de son monde, Ball doit transformer l’essai à tous points de vue, notamment pour ne pas se retrouver coincé dans un rôle de faiseur anonyme. Y parvient-il ? Les réponses ne sont pas aussi simples.
Le Labyrinthe continue à être un film faisant corps avec la quête de son héros et leader naturel, Thomas (Dylan O’Brien). Ayant été au bout du labyrinthe, ils ont été pris en charge par une organisation secrète qui promet de les mettre en lieu sûr. Mais on sait déjà que le groupe est en réalité pris en charge par WICKED, dont la face visible à l’écran est le docteur Ava Paige (Patricia Clarkson, qui laisse plus parler sa perruque qu’une quelconque interprétation). Le film ne perd pas de temps pour lâcher nos héros dans une terre post-apocalyptique ravagée et peuplée d’infectés par la Braise. Certains des jeunes ayant survécu au labyrinthe sont immunisés contre le virus, ce qui les rend extrêmement précieux pour WICKED. La subtilité n’est certainement pas le point fort de la saga, mais la grande qualité de La Terre brûlée est l’implication avec laquelle Ball nous présente ses différents tableaux, que ce soit dans le désert, dans un club improvisé ou encore poursuivis par des créatures prenant littéralement racine dans les tréfonds des immeubles dévastés. Le film remplit parfaitement son cahier des charges de film d’aventure, ne marquant aucune pause dans son rythme et la rencontre de ses personnages. Une grande partie de ce qui fonctionne est ainsi à mettre au crédit de son réalisateur. Et pourtant… Pourtant, son matériel de base a rarement été aussi désincarné. La première partie à l’intérieur manque cruellement de relief, à cause d’une photo de Gyula Pados très terne malgré des décors impressionnants.
Les nouveaux personnages rencontrés dans ce deuxième volet sont des esquisses, qu’ils soient du bon ou du « mauvais » côté. Si on peut saluer les choix inspirés sur le papier d’inclure Giancarlo Esposito, Alan Tudyk et Aidan Gillen dans les rôles adultes, leur apparition freine constamment le film, et ils sont réduits à cabotiner en attendant la séquence d’action suivante. Leur arc est, pour ainsi dire, inexistant – tout comme leurs motivations – et ne sert que de figure antagoniste pour Thomas et les leurs, qui ne sont jamais aussi bien servis (par le film) que lorsqu’ils sont livrés à eux-mêmes. Comme dans le premier film.
Pour un rollercoaster fun de rentrée, ce que reste La Terre brûlée, le scénario reste relativement désincarné. La faute en incombe à la pauvreté des dialogues, réduits au strict minimum d’action, d’échafaudage de plan et d’exécution de celui-ci. Si T.S. Nowlin, le scénariste, résiste aux sirènes shipper évidentes entre Thomas et Teresa (Kaya Scoledario), il abandonne dans la mélasse d’action peu inspirée un des personnages féminins les plus probants du film, Brenda (Rosa Salazar). La comédienne a ainsi plus de scènes que toute la bande de Thomas réunie, et Salazar fait du mieux qu’elle peut d’un rôle à peine plus tranché et défini que le reste. C’est aussi le seul personnage dont l’identité arrive à ressortir et qui a un passé propre, communiqué de manière probante par le film. Les dialogues n’ont aucune respiration, et le film marque très peu de respirations légères ou d’humour. Ce qui est censé être le rôle des multiples sidekicks de Thomas, dont Minho (Ki Hong Lee) ou Frypan (Dexter Darden), qui restent perpétuellement inexistants. Un comble.
Malgré tous les sacrifices et la présence de zombies, La Terre brûlée reste constamment à la surface de ses idées au profit d’une efficacité, il faut bien le dire, assez formatée. Elle pâlit en comparaison d’autres sagas young adult comme The Hunger Games, qui, malgré l’ennui final suscité par le deuxième volet – Francis Lawrence oblige, savait bien définir ses enjeux au cœur de séquences d’action assez vicieuses pour le genre.
De Wes Ball. Avec Dylan O’Brien, Kaya Scoledario, Thomas Brodie-Sangster, Rosa Salazar, Ki Hong Lee, Giancarlo Esposito, Alan Tudyk. USA. En salles depuis le 7 octobre.
Franchement, passé les 15 premières minutes qui intriguent – un peu – ce film s’enfonce dans le n’importe quoi à base de décors de récup et de matte painting digitaux moches.
Toutes les scènes d’action se passent dans le noir ou la nuit comme ça on voit moins que le budget déco n’est pas à la hauteur des ambitions de l’histoire. On rajoute quelques zombies parce que c’est la mode – enfin, c’est un peu usé jusqu’à la corde comme mode – et que là non plus pas besoin de gros moyens, surtout dans la pénombre. On habille ses acteurs principaux chez H&m ou une enseigne du même genre comme le coeur de cible auquel ce film est destiné. On les coiffe tendance et on les fait courir autant que possible – Parce que dans Maze runner il y a runner, man !
Les dialogues sont tartes, les rapports entre les personnages bidons, comme les méchants du reste. Les effets spéciaux sont plutôt limites par moment et la mise en scène…
Encore un film à usage unique qui est tellement daté par son esthétique et son propos qu’il est ringard dés la première semaine d’exploitation.