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Nina, l’asepsie des séries françaises (en direct de Séries Mania)

Nina, l’asepsie des séries françaises (en direct de Séries Mania)

NINA-5-credit-Laurent-DenisPremier jour de travail pour Nina qui se retrouve à 37 ans infirmière stagiaire sous les ordres d’une « gamine » de quinze ans sa cadette. Pas simple ! D’autant que, pour tous, elle est la femme du patron, son ex, avec lequel rien n’est vraiment réglé malgré leur divorce. Mais après avoir soigné Lily, leur fille, pendant dix ans, rien ne fait peur à Nina ! Passionnée au boulot, dévouée en amitié, il ne lui manque plus que de tomber amoureuse… (source : Séries Mania)

Nina, c’est un peu une super héroïne. A 37 ans, elle débarque pour son premier jour de stage en tant qu’infirmière mais rassurez vous, comme les premières scènes du pilote nous l’assènent, elle maitrise. C’est une femme forte et l’hôpital, c’est son domaine. C’est une héroïne, une chevalière blanche c’est-à-dire sans noirceur et presque sans défaut, si ce n’est celui bien sûr de trop s’impliquer dans sa relation avec ses patients…

Et c’est, après le visionnage de 2 épisodes, ce qui reste le plus marquant. Nina, le personnage principale de la série est à l’image de la série elle-même, lisse. Avec une réalisation simple mais terriblement datée, où la consigne est que la représentation de l’hôpital se doit d’être aseptisée, Nina est l’antithèse de la dramédie. Le drama et la tragédie inhérents au contexte hospitalier sont complètement atténués. La comédie, insufflée via quelques personnages (un médecin désagréable, son interne perdu et une infirmière stagiaire nunuche qui recherche le médecin charmant), n’est jamais vraiment assumée et passe donc en dose homéopathique. Ne reste que des histoires assez dépourvues d’émotions.

NINA-3-credit-Gilles-ScarellaL’ambition affichée, et affirmée par Alain Robillard et Thalia Rebinsky les créateurs au cours de la rencontre post-projection de Séries Mania, est de créer une série médicale à la française. Et l’idée à de quoi plaire. Notre système médical à ses particularités, avantages et défauts, qu’il serait intéressant de mettre en perspective dans un format sériel. Malheureusement, le « à la française » vise plus ici à évoquer le ton de nos bonnes vieilles séries familiales.

Dans les séries américaines, les séries médicales sont le ring où les dieux de la médecine combattent à mains presque nues (parce que gantées) la mort elle-même et doivent faire face à leur propres démons et leur humanité (ER, Grey’s anatomy…). Les médecins anglais, eux, font souvent face au doute et à l’inéluctabilité. Pour eux soigner au fond c’est fondamentalement repousser la maladie, la limiter (Monroe). En France, la médecine sérielle selon Nina c’est la guérison. C’est la capacité à aplanir, en un claquement de doigt, les obstacles et les confrontations. Au contact de Nina, les médecins à l’égo surdimensionnés s’adoucissent, les patients sont attendrissants, les symptômes de la maladie se démêlent en un tournemain.

L’expression est même lâchée lors de la rencontre, il s’agit ici d’un « réalisme pas trop plombant », « un hôpital où on aurait envie de se faire soigner ». Moi, je voudrais me faire soigner au Sacred Heart, l’hôpital de Scrubs, où les médecins sont très drôles mais où les maladies et la mort sont graves et tristes. Nina, c’est une série qui ne choquera pas. Qui ne choquera ni les enfants, ni les personnes âgées. C’est même peut être ça le principe, une série pas méchante qu’on verrait bien sur France 3.  Nina c’est un peu L’Instit à l’hôpital. On peut se dire « pourquoi pas ? », on a surtout envie de dire « pourquoi ? ».

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