Nuit excentrique #11 : 12 heures de folie nanarde au Grand Rex

Nuit excentrique #11 : 12 heures de folie nanarde au Grand Rex

Souvent boudé des salles obscures et circonscrit aux bacs de DVD à 1 €, le nanar prend sa revanche tous les ans à Paris, lors de la Nuit excentrique. Cette année, samedi 12 septembre, c’est même au Grand Rex et non plus à La Cinémathèque française que ce festival condensé en une nuit s’est installé, pour le bonheur des 1256 noctambules présents (dont 1006 payants).

« Ces films sont faits par des gens qui ne doutent de rien », sourit Jean-François Rauger, maître de cérémonie de la 11e Nuit excentrique et programmateur à La Cinémathèque française, l’organisateur de l’évènement. Bien sûr, l’équipe du site Nanarland fait partie de l’aventure, et ce, depuis les débuts.

Dans l’immense salle à balcons du Grand Rex, le public est en ébullition, armé de sandwichs, de sodas et de bières. Tous sont prêts à vivre une expérience à part. Pour les caresser dans le sens du poil, rien de tel qu’un extrait de Portés disparus III avec Chuck Norris (« Je mets les pieds où je veux Little John, et c’est souvent dans la gueule ») repris en chœur. Ça a le mérite de planter le décor.

IMG_0260Divisée en quatre parties, la Nuit excentrique propose avant chaque long métrage une exquise sélection de bandes-annonces et tout plein d’extraits de films. Côté trailers, que du sublime ou presque, avec des narrateurs racoleurs quand ils ne sont pas ouvertement racistes (Il faut battre le Chinois tant qu’il est chaud) et beaucoup, beaucoup de trucs érotiques (notamment Les Majorettes aux pieds chauds, repris dans le clip Sodomie du poète MC Circulaire).

Côté extraits vidéo les fameux « cuts excentriques » , Nanarland s’est surpassé. « C’est une compile de ce qui nous a fait le plus saigner les yeux pendant l’année », explique Régis Brochier. Beaucoup d’inédits, mais aussi des classiques dont on ne saurait se passer (Turkish Star WarsHitman – Le Cobra, Jaguar Force). À noter que le ciné artisanal africain était à l’honneur avec des combats dantesques introducing CGI Spiderman et CGI Predator, tous les deux fort mal incrustés.

Nanarland s’est, par ailleurs, fendu de quelques quiz où il s’agissait de retrouver, à l’aide d’un QCM, le titre de films obscurs tel que Salopards Platoon. Ou bien des accroches de VHS comme celle, émouvante, de L’Empire des ninjas : « Quand la justice est corrompue, l’amour devient haine ». Les deux finalistes ont été départagés grâce à un karaoké-doublage de Diesel, post-apo avec Gérard « L’Instit » Klein et Agnès Soral. Des dizaines de DVD ont été distribués.

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Profitant d’être en présence d’une foule d’amateurs, Nanarland a annoncé la sortie d’un livre chez Ankama le 16 octobre garanti sans le moindre copier-coller du site.

En outre, Nicolas et Nicolas duo derrière Message à caractère informatif et Le Grand Méchant Loup en 2013 , se sont glissés sur scène pour annoncer la sortie prochaine d’À la recherche de l’ultra-sexe, sorte de Grand détournement du porno des années 70 à 90. Les auteurs ont ainsi visionné 2500 films X pour en sélectionner la crème et construire un long métrage entièrement re-doublé à la bouche. La bande-annonce donne envie.

Les deux compères ont aussi participé à la VF du très chouette What We Do in the Shadows, faux documentaire néo-zélandais avec des vampires doublés par Alexandre Astier, Fred Testot, Bruno Salomone, Zabou Breitman, Julie Ferrier et Jérémie Elkaïm.

Quatre nanars de compétition

Mais La Nuit excentrique, c’est d’abord quatre longs métrages sélectionnés avec soin. Quatre films riches de tout ce qui fait la force des nanars : de la violence et du sexe décomplexés, des nazis moustachus, des guerriers post-apo, des gobelins sanguinaires et… des ninjas encapuchonnés.

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Mad Foxes (1981, VOSTF) : après avoir assisté au viol de sa copine, un sosie de merde de Robert Redford ourdit sa vengeance contre un gang de motards naturistes néo-nazis. Parfaitement outrancière et désopilante, cette production suisso-espagnole n’a aucun scrupule à alterner ultra-violence (un gars se retrouve avec sa propre bite en travers de la gorge) et romance érotique de pacotille (avec une autre meuf hein, on n’entend plus parler de la fille violée après son agression). Un excellent cru nanar.

Les Nouveaux Barbares (1983, VF) : réponse bisseuse italienne à Mad Max 2, ce post-apo désargenté vaut pour ses courses-poursuites risibles en voiturettes de golf tunées et ses costumes/coiffures totalement improbables. Et y’a de l’action ! Le héros se fait même violer en public par le chef d’une secte souhaitant exterminer le reste de l’humanité. Inoubliable.

Troll 2 (1990, VF) : croisement improbable entre une comédie familiale et un film d’horreur, cette immonde péloche met en scène un couple ricain, ses deux enfants et le grand-père mort en proie à des gobelins change-forme végétariens. Avec ses acteurs adeptes du surjeu permanent et ses rebondissements WTF (le burger au salami…), ce nanar dispose d’arguments convaincants. 2,7/10 sur imdb, qui dit mieux ?

Miami Connection (1987, VF) : véritable propagande pour la pratique du taekwondo, ce film oppose un groupe de hard rock FM adepte des arts martiaux avec un gang de ninjas en colère. Cette bobine très 80’s transpirant la franche camaraderie ne déçoit jamais, ou presque. Surprise : des sous-titres karaoké ont même été incrustés pendant les chansons !

À 8h du matin, les poches sous les yeux mais le sourire franc, les fans de nanars attrapent un croissant dans le hall du Grand Rex et rentre tranquillement à la maison… Mission accomplie.

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