
On a fait le tri – Aout 2014
Parce qu’on a malheureusement pas le temps de vous parler en détail de tous les bouquins qui sont passés entre nos mains, On a fait le tri revient sur les dernières sorties sur la planète Comics.
Batman & Robin – Tome 1 : Tueur né
A l’origine lancée par Grant Morrison dans le cadre de son run sur Batman, la série Batman & Robin racontait les histoires d’un nouveau duo de choc : Dick Grayson sous le masque de Batman et Damian Wayne dans le costume de Robin. On aurait pu croire qu’avec le départ du scénariste écossais, la qualité de la série allait décliner, il n’en fut rien car le successeur Peter Tomasi offrit de très bonnes histoires. On aurait pu croire qu’avec la relance de la série à l’occasion des New 52 la série allait sombrer, ce fut tout le contraire. Grâce à un nouveau postulat particulièrement intéressant (les aventures de Bruce Wayne et de son fils Damian), Peter Tomasi et le dessinateur Patrick Gleason entamèrent un run toujours en cours et d’une qualité incroyable. Initialement parue dans Batman Saga, la série Batman & Robin fut pendant un temps la meilleure série de la revue avec la série Batman de Scott Snyder¹.
Aujourd’hui Urban propose les huit premiers épisodes de la série en librairie soit le premier arc complet du tandem. Si celui-ci emporte autant notre adhésion c’est bel et bien parce que les auteurs tiennent leur sujet brillamment. La série se concentre sur la nouvelle dynamique familiale (père et fils mais également Alfred) tout en l’inscrivant dans un récit plein d’action et de suspense. Il y a une véritable tentative d’aller de l’avant chez Bruce Wayne et, malgré les difficultés, il veut vraiment créer quelque chose avec ce fils extraordinaire mais également tête à claque. C’est fort, passionnant et beau, il ne faut pas hésiter à découvrir cette série.
Comprend les épisodes de Batman & Robin (New 52) #1 à #8 – Écrit par Peter Tomasi et Patrick Gleason
Ten Grand – Tome 1 : D’amour et de mort
Le grand retour de Joe Michael Straczynski au sein de son propre label. Après avoir écrit quelques scénarios pour le cinéma et participé à l’aventure Before Watchmen, JMS revient à ses propres créations avec Ten Grand. Par bien des aspects, cette série nous rappelle fortement Midnight Nation (probablement la meilleure bande dessinée de son auteur) notamment par la description d’un univers totalement proche du notre mais également fortement éloigné. Un monde que la plupart des gens ignorent ou décident d’ignorer mais que Joe Fitzgerald parcourt sans joie. Ancien homme de main, celui-ci a passé un pacte avec les anges et devient leur agent afin de pouvoir revoir la femme de sa vie l’espace de quelques minutes. On retrouve ici un personnage perdu au milieu d’une bataille divine sans qu’on puisse vraiment dire si le Paradis est vraiment l’incarnation du bien. Si l’histoire peut se révéler intrigante et proposer quelques moments forts le récit est tout de même plombé par une utilisation massive de la « voix-off » qui alourdit le récit. Là où Midnight Nation conservait un très bon rythme du fait de son duo de personnage se renvoyant sans cesse la balle, Ten Grand subit le choix de n’avoir qu’un seul héros. Heureusement il faut porter au crédit son dessin remarquable que l’on doit à Ben Templesmith et C.P. Smith. A voir donc lors de la parution de la suite si les lourdeurs de la narration perdurent.
Comprend les épisodes de Ten Grand #1 à #6 – Écrit par Joe Michael Straczynski et dessiné par Ben Templesmith et C.P. Smith
Aquaman – tome 3 : La mort du roi
Après le cross-over Le trône d’Atlantis (qu’on peut lire dans le tome 3 de Justice League), Aquaman assume de nouveau son statut de roi des océans mais l’exercice du pouvoir ne se fera clairement pas sans heurts. Dans ce volume qui regroupe les derniers épisodes de Geoff Johns avant son départ de la série, l’accent est mis sur l’héritage Atlante du personnage et on sent que Johns a voulu reproduire la même formule que dans Green Lantern en essayant de créer un passé trouble à cet univers afin de permettre une certaine expansion. Vu que sur sa fin son run sur Green Lantern tournait dans le vide on se dit qu’au final il n’est pas si mal que Johns s’arrête au moment où il est encore frais. Ces derniers épisodes restent passionnants et offrent leurs lots de combats dantesques sans jamais perdre le fil de la narration. Au final ce run de Johns sur un personnage souvent moqué fait partie des meilleurs écrits de l’auteur. Avec une approche combinant respect, mise en valeur et autodérision, Johns remet à sa juste place un personnage que l’on a rarement (du moins le lectorat français) vu aussi impérial.
Comprend les épisodes d’Aquaman (New 52) #17 à #19, #21 à #25 et #23.2 – Écrit par Geoff Johns et dessiné par Paul Pelletier et Geraldo Borges
Red Team – Les règles
Du Garth Ennis, cela ne se refuse jamais ! L’auteur de Preacher (en début d’année prochaine chez Urban normalement, faites de la place dans l’étagère), revient ici avec Red Team dont Panini propose les sept premiers épisodes. Ennis met de coté son brillant sens de l’humour noir pour proposer l’histoire d’un flic pris dans l’engrenage d’un mécanisme qu’il a lui-même contribué à construire. Un récit très classique dans ce qu’il dépeint (des flics faisant justice eux-mêmes) mais qui reste maîtrisé de bout en bout. On pense fortement à la Strike Team de Vic MacKey dans The Shield en parcourant l’album et en voyant la description des différents membres de la brigade. Toutefois la série diffère de par les motivations de ses protagonistes. Récit brut construit sur la base de flashbacks, Red Team surprendra les fans d’Ennis habitués à plus de démesure. Mais le final, ainsi que le portrait d’un personnage principal somme toute assez pathétique nous rappelle que nous sommes bien face à la création d’un homme capable de nous faire rire avec les choses les plus horribles.
Comprend les épisodes de Red Team #1 à #7 – Ecrit par Garth Ennis et dessiné par Creg Cermak
Green Arrow – Tome 1 : Machine à tuer
Après la sortie de Green Arrow – Année Un d’Andy Diggle et Jock, voici venir en librairie la série Green Arrow par Jeff Lemire et Andrea Sorrentino. Lancé dans le cadre des New 52, la série fut tout d’abord écrite par Jeffrey Krul, Keith Giffen et Ann Nocenti durant les seize premiers numéros. Plusieurs scénaristes donc (et pour certains très bons) mais pour un résultat plus que médiocre. Si Urban propose la série à partir du numéro 17 c’est parce que celui-ci correspond à l’arrivée de Jeff Lemire sur la série et autant dire que la qualité est au rendez-vous. Les lecteurs qui suivent la série dans la revue DC Saga le savent, Green Arrow est tout simplement excellent. Le scénariste fait littéralement table rase du passé en détruisant tout dès son arrivée. Replaçant le héros dans un statut qu’il lui convient bien mieux que celui d’ersatz de Batman, Lemire va provoquer la déchéance d’Oliver Queen qui se retrouva qu’avec son seul arc pour tenter de survivre aux épreuves qui lui tombent dessus. Dans une approche rappelant celle de Frank Miller sur Daredevil, le scénariste redistribue les cartes et fait entrer Green Arrow dans un nouvel univers composé de castes de puissants guerriers ancestraux.
Outre l’écriture nerveuse de Lemire qui laisse très peu de temps morts et boucle le gros de ses intrigues en deux épisodes, la série nous enchante également par sa qualité graphique. Andrea Sorrentino construit ses planches avec maestria en combinant des multiples actions dans la même case en n’hésitant jamais à jouer avec différents motifs notamment celui de la cible. C’est époustouflant, brillant et passionnant. C’est Green Arrow et c’est à ne pas louper!
Comprend les épisodes de Green Arrow (New 52) #17 à #24 et #23.1 – Ecrit par Geoff Johns et dessiné par Andrea Sorrentino
Marvel Deluxe – War of King
On quitte la terre ferme pour partir dans l’espace lointain où tout le monde vous entendra crier et vous tirer dessus. Après Annihilation et Annihilation Conquest, War of King se présente comme le troisième gros event galactique. Un event qui trouve ses sources dans Secret Invasion (récit qui contait l’invasion sur Terre des Skrull ces aliens métamorphe) et dans la saga des X-Men puisque que Gabriel Summers (frère, longtemps caché, de Scott et Alex) y joue un rôle prépondérant en tant qu’empereur des Sh’iars. Écrit par Dan Abnett et Andy Lanning, War of King détonne par sa manière de raconter cette guerre entre les Kree menés par les Inhumains et les Sh’iar. Tout aussi épique que les events précédents, il se démarque par l’absence de véritables menaces externes telles que pouvait l’être Annihilus ou la Phalanx. Au lieu de cela on assiste à un véritable conflit entre deux superpuissances où la politique est tout aussi importante que la puissance militaire. Bien sur War of King offre son lot de conflit mais on restera plus intrigué par les manipulations en coulisses et les stratégies de ces rois. Event intéressant donc mais le lecteur français pâtira toutefois de l’absence d’éditions librairies des séries annexes que sont Nova ou Les Gardiens de la Galaxie (bien que pour cette dernière cela sera probablement comblé). Sans être indispensables au récit principal elles sont suffisamment bonnes pour les regretter, ne serait-ce parce qu’elles participent à cette ambiance de grandes manœuvres que l’event porte en lui.
Comprend les épisodes Secret Invasion : War of Kings #1, War of Kings #1 à #6, War of Kings: Who Will Rule ? #1, War of Kings : Darkhawk #1 et #2 et War of Kings : Ascension #1 à # 4 – Ecrits par Dan Abnett, Andy Lanning et C.B. Cebulski et dessinés par Paul Pelletier, Wellinton Alves, Bong Ty Dazo et Harvey Montecillo
Infinity
Le dernier numéro concluant la saga venant de paraître en kiosques, l’occasion est trop belle pour ne pas revenir sur Infinity l’event de Jonathan Hickman. Space opera épique s’inscrivant dans le run de l’auteur sur Avengers, Infinity raconte la manière dont les superhéros terriens vont s’unir aux autres forces armées de la galaxie connue afin d’affronter la puissante armée des Bâtisseurs. Dans le même temps, la Terre se fait attaquer par les forces de Thanos qui, pensant que celle-ci est sans défense, croit pouvoir la conquérir sans trop de problème. Illustré par des artistes de talent (Jim Cheung et Jerome Opena notamment), Infinity possède un souffle épique puissant et majestueux. Dans la lignée du travail de l’auteur (traduction : ceux qui n’aiment déjà pas le style d’Hickman ne seront pas plus conquis ici, par contre pour les autres vous allez prendre votre pied), Infinity est un récit qui prend de la hauteur sur les personnages afin de les présenter en icône héroïque indestructible. Tout d’abord décrit comme une force de frappe mineure au sein d’un conseil galactique hautain envers la Terre, les Avengers vont peu à peu prendre de l’ampleur au sein de cette guerre. La manière dont Captain America se positionne peu à peu comme un général d’armée avec un sens de la stratégie hors du commun est à ce titre fondamental dans la saga.
Si celle-ci laisse peu de place aux développements des personnages elle n’en reste pas moins peu avare en rebondissements et grandes scènes (on pense tout à celle entre Thor et l’ambassadeur). On pense beaucoup aux grand space-opera télévisuels que sont Babylon 5 et Star Trek : Deep Space Nine en lisant Infinity. On y retrouve ces intrigues construites sur la durée, la figure de l’humain en tant que symbole d’espoir et le besoin de solidarité par delà les querelles face aux dangers. Toutefois, et malgré ses qualités, Infinity n’est au final qu’une grande aventure des Avengers et à ce titre se présente plus comme un arc du run d’Hickman que comme un véritable événement pour l’univers Marvel. Même si la série se conclue sur quelques conséquences qu’on sera curieux de voir exploitées, un petit sentiment de « tout ça pour ça ? » peut nous étreindre. Ce sentiment est d’autant plus renforcé par le fait que la lecture d’Infinity dépend de beaucoup de celle des séries Avengers et New Avengers.
Tel un grand architecte, Hickman construit Infinity comme une nouvelle pierre de l’édifice qu’il bâtit. Il est encore trop tôt pour savoir si ce dernier sera de toute beauté mais pour autant Infinity n’en reste pas moins un morceau sur lequel on s’est régalé.
Infinity #1 à #6 – Ecrit par Jonathan Hickman et dessiné par Jerome Opena, Jim Cheung et Dustin Weaver
¹ Aujourd’hui avec une série Batgirl passionnante et un Detective Comics en grande forme, la revue Batman Saga est un vrai régal à lire.
Green Arrow et Aquaman sont vraiment incroyables! Ce sont les deux grosses sorties en ce qui me concerne.
J’ai beaucoup aimé le « Ten Grand » de Straczynski. C’est du bel ouvrage et perso, je suis toujours fan des voix off dans un truc qui s’inspire clairement de la tradition des films noirs avec un côté hard boiled encore plus prononcé. J’attends la suite pour voir où le monsieur veut nous emmener… mais je suis déjà pas mal satisfait. Pour « Red Team », je vais voir très prochainement ce que cela vaut (un Ennis ne se refuse jamais !)