
On a fait le tri (n°11)
Parce qu’on n’a malheureusement pas le temps de vous parler en détail de tous les bouquins qui sont passés entre nos mains, ‘On a fait le tri’ revient sur les dernières sorties de la planète Comics.
Star Wars – Kanan 2 : Premier Sang
Suite d’un premier volume qui nous avait enchantés, par le dynamisme de ses dessins et une capacité à raconter une histoire classique pouvant plaire aux amateurs de la série animée Star Wars Rebels, dont la BD est le prequel, tout autant qu’au néophyte, cette nouvelle histoire des aventures de l’ex-jedi devenu contrebandier réutilise la même recette à base de flash-backs pour explorer le passé à une époque où les Jedi étaient à leur apogée. Malheureusement, même si les dessins de Pepe Larraz s’inscrivent toujours dans une dynamique qui nous avait fait aimer le premier tome, l’histoire de la rencontre entre Kanan et son maître ainsi que leurs premières aventures sont bien moins enthousiasmantes que ce que nous avons découvert auparavant. Sans être mauvais, il y a une baisse de qualité qui tient à la fois du sujet choisi pour un deuxième arc (on l’aurait plutôt imaginé en ouverture de la série) et d’une plus grande ingérence avec les éléments de la série d’animation.
Comprend les épisodes US de Kanan #7 à #12. Écrit par Greg Weisman et dessiné par Pepe Larraz
Avengers & X-Men : Axis
Parfait exemple d’une ingérence trop prononcée et d’un besoin économique d’offrir des events à des lecteurs incapables de résister, Axis de Rick Remender restera comme le moment symbolique où le scénariste de Fear Agent a lâché Marvel pour se consacrer à des projets personnels. Préparé depuis le début d’Uncanny Avengers et initialement destiné à être un arc de la série consacré à l’équipe Humains/Mutants des Avengers, Axis se vit gonfler en event sur décision de son éditeur. Réécrit dans l’urgence, cette histoire voyant les méchants devenir gentils, et vice versa, sombre rapidement dans la caricature gênante (le traitement de Captain America) et le grobilisme affligeant. Cerise sur le gâteau, les conséquences de cette histoire (le lancement de la série Superior Iron Man notamment) seront de véritables rendez-vous manqués. Avec le départ de Brian Bendis de la franchise Avengers et l’excellent Infinity, on pensait en avoir fini avec les events moisis, Axis nous prouve malheureusement le contraire.
Comprend les épisodes US de Avengers & X-Men : Axis #1 à 9. Écrit par Rick Remender et dessiné par Leinil Yu, Terry Dodson et Adam Kubert
Original Sin
Lancé plus modestement, Original Sin se situe à l’opposé du caca décrit plus haut. Écrit par le virtuose Jason Aaron (Thor, Scalped) et dessiné par un Mike Deodato Jr de plus en plus assuré (on vous conseille vivement son crossover Vader Down au mois de septembre), cette minisérie de huit épisodes flirte tout autant avec le genre super-héroïque qu’avec le polar. Partant d’une intrigue policière classique (qui a tué le Gardien ? Ce puissant observateur de la galaxie et de la Terre en particulier), Original Sin nous donne le plaisir de voir en action une équipe composée de personnages de second rang. Une approche rafraîchissante qui sort un peu des sentiers battus. Même s’ils sont présents, Captain America & co cèdent leurs places à Bucky, Moonknight ou bien encore Ant-Man dans une première partie captivante. Si la suite cède, malheureusement, à des égarements typiques de ce type de récit (gros bourrin je crie ton nom), il n’en reste pas moins qu’Original Sin vieillit très bien et se pose comme un event de qualité dont les conséquences dans les séries annexes sont un beau modèle de gestion laissé à la liberté des différents auteurs.
Comprend les épisodes US d’Original Sin #0-8 et Point One #1. Écrit par Jason Aaron et dessiné par Mike Deodato Jr
Batman – Année 100
Si la portée mythologique d’un personnage se juge au nombre de ses réinterprétations, il est clair que Batman peut (si besoin est) siéger à coté de ses illustres prédécesseurs en la matière. La puissance iconique et la simplicité de concept portent en elles les ingrédients pour des variations infinies. Publié en 2007, la minisérie de Paul Pope fait partie de ces variations qui restent gravées dans les mémoires. Se déroulant symboliquement en 2039 (soit cent ans après la sortie du premier épisode de la série), Batman – Année 100 voit le chevalier noir évoluer dans une ville de Gotham et une Amérique placées sous le signe de l’ultra-surveillance et de l’absence quasi totale de vie privée. Il est alors jouissif d’y voir évoluer en son sein un super-héros considéré comme une légende urbaine dont même le lecteur ignore la véritable identité. Grâce à un dessin sublime porté par un découpage dynamique (incroyable course-poursuite) et une réinterprétation viscérale de la chauve-souris (brillante idée que l’utilisation de dentiers pour accentuer l’aspect horrifique de Batman), Paul Pope compose un des meilleurs récits sur le personnage.
Comprend les épisodes US de Batman – Year 100 #1 à 4. Écrit et dessiné par Paul Pope
East of West – Tome 5 : Vos ennemis sont partout
Tout en clôturant dans un final vibrant un long travail au sein de l’univers Marvel, l’architecte Jonathan Hickman construit lentement mais sûrement sa grande œuvre apocalyptique. Après un début tonitruant et des tomes s’enchaînant régulièrement en développant un vaste univers et des personnages fantastiques, East of West continue sur sa lancée et ne déçoit toujours pas. On reste fascinés par la capacité du scénariste à construire ses intrigues, à poser son regard le temps d’un épisode sur un événement ou un personnage sans jamais perdre de vue la globalité de sa toile. Empire puissant mais resté dans l’ombre, la Nation Infinie nous est aujourd’hui révélée dans ses forces (sa puissance technologique, sa magie) et ses faiblesses (une population peu élevée et des dirigeants peu enclins à la solidarité). Si le peuple indien de cet univers uchronique est au centre de ce cinquième tome, Jonathan Hickman n’oublie pas le reste. Entre un épisode sans dialogues nous narrant une tentative d’assassinat, la découverte de la véritable identité d’un des protagonistes ou bien encore les manigances de Chamberlain, le lecteur est constamment captivé par ce jeu d’échec à l’échelle quasi planétaire. Saga de science-fiction incroyable et soutenue, East of West est définitivement une grande histoire.
Comprend les épisodes US d’East of West #20 à 24. Écrit par Jonathan Hickman et dessiné par Nick Dragotta