
On a fait le tri (N°14)
Parce qu’on n’a malheureusement pas le temps de vous parler en détail de tous les bouquins qui sont passés entre nos mains, ‘On a fait le tri’ revient sur les dernières sorties de la planète comics.
Genius
Si l’actuel contexte sociétal et politique américain contribue à donner à la BD de Adam Freeman et Marc Bernardin une portée probablement bien plus forte que celle envisagée initialement, cela ne fait toutefois pas de Genius une œuvre marquante. Malgré un postulat intéressant (véritable génie militaire, une jeune femme prend le contrôle des gangs de son quartier et décide de lutter contre les forces de police qu’elle juge corrompues), cette mini-série de cinq épisodes déçoit rapidement par une intrigue qui ne développe jamais vraiment ses personnages, cumule les clichés et ne s’attarde que trop superficiellement sur les talents de stratège de son personnage principal.
Comprend les épisodes US de Genius #1 à #5. Écrit par Adam Freeman, Marc Bernardin et dessiné par Afua Richardson.
Ex Machina – Volume 5
Voici une autre déception mais cette fois-ci chez Urban Comics et surtout qu’on n’attendait pas. Avec ce cinquième tome prend fin le mandat de Mitchell Hundred cet ancien super-héros devenu maire de la ville de New York. On était ravi d’avoir enfin le dénouement, inédit en France, de la série politique d’un des plus remarquables scénaristes américains. La déception n’en est que plus grande. Car s’il n’y a rien à redire aux dessins de Tony Harris, on reste circonspect quant à ce qu’a voulu faire Brian Vaughan dans son final. Est-ce un problème de mauvaise gestion du temps et aurait-il eu besoin de plus d’épisode ou bien avons nous là une fin pensée et voulue comme telle ? La réponse est peut-être sans importance et seul le résultat compte. Avouons-le, on ne sait toujours pas quoi penser de cette dernière fournée d’épisodes qui jonglent toujours aussi bien avec le genre super-héroïque et le récit politique mais qui trébuchent à la fin. Reprenant la première scène du premier numéro comme on pouvait s’y attendre, Vaughan joue avec le temps et les ellipses pour poser un discours qu’on peut trouver totalement grotesque, parfaitement incompréhensible ou bien véritablement cynique et déprimant. Ce qui, pour l’auteur de ces lignes, contredit assez le discours porté par la série depuis le début. À vous de juger donc et même si la déception est là, cela n’en enlève pas moins la grande qualité de la série surtout à ses débuts. Force est toutefois de constater que comparer à la poésie et la cohérence de la fin de Y, le dernier homme, celle d’Ex-Machina déçoit énormément.
Comprend les épisodes US d’Ex Machina #41 à #50 et Ex Machina Special #4. Écrit par Brian K.Vaughan et dessiné par Tony Harris.
Five Ghosts – Tome 1 : La possession de Fabian Gray
L’exploration et l’utilisation des mythes modernes peuvent prendre plusieurs formes. Les cinq fantômes du titre de la BD de Frank J. Barbiere et Chris Mooneyham sont ainsi des esprits qui aident l’aventurier Fabian Gray dans des aventures que ne renierait pas un Bob Morane ou un Indiana Jones. Face à toutes sortes de danger, notre héros peut donc utiliser les capacités de Robin des bois, Merlin l’enchanteur, Miyamoto Musashi le ronin, le comte Dracula et le plus grand des détectives Sherlock Holmes. Porté par une atmosphère sentant bon le vieux récit de poche trouvé chez le bouquiniste, cette mini-série doit beaucoup à la qualité du dessin de Chris Mooneyham ainsi qu’à des personnages à la destinée tragique et un excellent sens du rythme. On restera tout de même sur notre faim à l’issue d’une conclusion qui sonne comme un début d’aventure et non comme une résolution. Projet initialement lancé via kickstarter, Five Ghosts s’est depuis transformé en série régulière. On a hâte de lire la suite
Comprend les épisodes US de Five Ghost #1 à #5. Écrit par Frank J.Barbiere et dessiné par Chris Mooneyham.
Bad Blood
Malgré une énième histoire de société secrète, de multiples clans qui se font la guerre et de contrôle de l’humanité (poussant même le bouchon vers un complotiste un brin gênant), Bad Blood arrive à se démarquer et à nous plaire par son ambiance dépressive et des personnages qui sont bien loin des héros forts et vaillant. Leucémique, Trick Croft est un homme en sursis qui deviendra la cible d’un vampire après que ce dernier fut empoisonné par son sang. Dès lors, notre héros n’aura de cesse de retrouver le meurtrier du seul ami qu’il avait. Plongeant dans les milieux nocturnes de la ville, il découvrira la différence entre une certaine réalité et la légende entretenue par ceux qui idolâtrent les suceurs de sang. Personne n’est beau et propre dans Bad Blood, Trick est condamné et Lolly se sert de sa croyance et de la drogue pour survivre aux horreurs qu’elle subit depuis son enfance. Et pourtant, il y a de la noblesse dans ces personnages prêt à tout pour détruire la créature qui les traque. Excellent récit de Jonathan Maberry et Tyler Crook, Bad Blood arrive à se démarquer dans un genre multi revisité.
Comprend les épisodes US de Bad Blood #1 à #5. Écrit par Jonathan Maberry et dessiné par Tyler Crook.
The Empty Man
Ambiance lourde et contexte apocalyptique pour la mini-série de Cullen Bunn et Vanessa R. Del Rey. Face à une sorte de virus qui provoque la folie et la mort chez des individus que rien ne permet de relier, un duo d’enquêteurs va essayer de retrouver l’origine de tout et le pourquoi de la chose. On peine à se perdre dans l’ambiance morbide de la série, malgré des illustrations assez fortes et terrifiantes. La faute à un récit qui semble se perdre en cours de route et qui privilégie l’atmosphère à la tenue.
Comprend les épisodes US de The Empty Man #1 à #6. Écrit par Cullen Bunn et dessiné par Vanessa R. Del Rey.
Star Wars – Un nouvel espoir
Panini ne lésine pas sur l’exploitation de la licence Star Wars. Entre des revues en kiosques intéressantes et des mini-séries directement en librairie, on pourrait croire qu’il y a suffisamment à faire et pourtant voila que débarque la réédition de la toute première adaptation en BD de Star Wars. Écrit par Roy Thomas et dessiné par Howard Chaykin, cette adaptation à la particularité d’avoir été conçue avant d’avoir vu le film et sur la seule base du script. On se plaira donc à y trouver les fameuses scènes coupées de discussion entre Biggs et Luke, ou bien encore un Jabba le Hutt bien éloigné de l’immondice gluante du Retour du Jedi. Adaptation réussie avec un excellent découpage en six épisodes et des choix de mise en image intéressantes, cette édition luxueuse accompagnée de multiple bonus aurait pu être parfaite si elle ne souffrait de la même maladie que les éditions spéciales et idiotes des années 90. La nouvelle colorisation proposée est somme toute assez affligeante et gomme une grosse partie du travail de Chaykin. Une énorme déception pour une œuvre qui ne le méritait pas. Heureusement, contrairement aux versions cinématographiques, la version originale du comics est toujours disponible en France chez Delcourt.
Comprend les épisodes US de Star Wars #1 à #6. Écrit par Roy Thomas et dessiné par Howard Chaykin.
All-New Avengers H.S. N°1 – The Ultimates – : À la frontière de l’impossible
Partis dans l’exploration d’une frontière ultime qu’ils ont eux-mêmes redéfini à l’occasion de Secret Wars, les Quatre Fantastiques¹ laissent une place vacante. Celle d’un groupe d’explorateurs et de scientifiques capable de sauver le monde de trois menaces cosmiques avant le petit déjeuner. C’est ce job que vont se charger de remplir dorénavant l’équipe composée de Blue Marvel, Captain Marvel, Black Panther, Spectrum et Miss America. Prenant le nom d’une célèbre équipe, ce groupe aux individus puissant rappelle également The Authority, par son caractère interventionniste à grande échelle. Écrit par Al Ewing, cette série s’inscrit dans la continuité de Mighty Avengers avec son même lot de personnages et leur donne un statut de nouveau Fantastic Four qui leur sied tout à fait. Ça donne une équipe cosmique réactive prête à affronter des problèmes d’ampleur galactique tels que Galactus dont le nouveau statut est particulièrement intéressant. Avec un Blue Marvel, sorte de mix entre Reed Richard et Superman, et une équipe fonctionnant parfaitement bien (grâce notamment au contrepoids « humain » en la personne d’America Chavez), la série est une excellente surprise et prouve encore une fois le talent d’Al Ewing.
Comprend les épisodes US d’Ultimates #1 à 5. Écrit par Al Ewing et dessiné par Kenneth Rocafort
¹ En fait, Reed et Susan Richard, leurs enfants ainsi que les membres de la Fondation du Futur. La Chose et la Torche Humaine sont toujours sur Terre.