On a fait le tri n°52
Parce qu’on n’a malheureusement pas le temps de vous parler en détail de tous les bouquins qui sont passés entre nos mains, « On a fait le tri » revient sur les sorties de la planète BD.
UNE TOUCHE DE COULEUR
C’est un roman graphique qui ne laisse pas forcément indemne. Un parcours autobiographique aussi sincère que tendre dans la rudesse de la vie. Un manuel de survie d’un enfant dans une « famille » en perdition. C’est beaucoup de choses que ce témoignage, poignant mais en même temps distancié, superbement mis en images. Aussi et surtout un récit fleuve dans lequel on ne se noie pas. On aurait pu craindre, a priori, plus de 300 pages mais cet ouvrage se dévore. Sans signe de lassitude apparent. Des mots qui décrivent le quotidien d’un môme, de sa prime enfance jusqu’à ses années lycées. Une évolution sans parents mais une recherche perpétuelle d’une mère non pas idéalisée juste réelle.
Ce n’est jamais moralisateur, un des écueils possibles, juste bien senti avec une forme d’humour décalé qui permet de ne pas chavirer. Une BD saluée par la critique lors de sa sortie Outre-Atlantique par le Book of the year au Harvey Awards. Une quête d’identité magnifiquement traduite en bande dessinée.
Écrit et dessiné par Jarrett J. Krosoczka
Édité par Delcourt
NEW CHERBOURG STORIES – T. 1 : LE MONSTRE DE QUERQUEVILLE
Bienvenue dans un Cherbourg imaginaire et légèrement suranné… Une cité peuplée de paquebots, de dirigeables et de monstres marins inconnus mais aussi, et on ne nous dit pas tout, d’une race extraterrestre dont seule une petite élite sait l’existence. Amis complotistes, ne passez surtout pas votre chemin et faites une escale dans cette citée où l’étrange le dispute à l’imaginaire. Pas d’Illuminati en vue mais deux frères jumeaux faits d’une chair capable de se changer en pierre quand une balle les vise. Deux membres du contre-espionnage de la ville qui mènent une enquête périlleuse. Si vous ajoutez Julienne, une putative recrue, et son jeune frère, oiseleur, qui apprend à son goéland à dérober des bijoux, vous voilà plongés dans une aventure fictionnelle et fantastique aux influences multiples.
On ne se prend pas au sérieux et on passe un bon moment. Que demander de plus ?
Écrit par Pierre Gabus
Dessiné par Romuald Reutimann
Édité par Casterman
PIONNIÈRES – ANITA CONTI OCÉANOGRAPHE
Jolie trouvaille que cette série débutante qui vise à mettre en lumière celles qui ont ouvert des voies dans des milieux réservés par les hommes aux hommes. Pour ce faire, il leur a fallu faire preuve d’un peu plus de tout. De ténacité, de courage, de persévérance, de talent, de capacité d’adaptation, pas besoin de rayez la mention inutile… Le parti-pris de cette collection réside dans le fait de choisir des femmes pas spécialement connues du grand public mais qui ont excellé dans leur domaine de compétence. C’est tant mieux car cela permet d’appréhender de nouveaux visages et de nouveaux parcours.
Ainsi, Anita Conti est-elle la première de cette liste et sera suivie par Nellie Bly, journaliste, et Valentina Terechkova, cosmonaute. Depuis sa tendre enfance au début du XXe, elle n’eut de cesse de se consacrer à l’étude des océans au point, adulte, d’imposer sa présence dans des expéditions de pêcheurs où elle fut la première à alerter des dangers de la surpêche. Elle fut à la base de l’océanographie moderne. Et cette BD, à la base d’une série prometteuse.
Écrit par Luca Blengino et Nathaniel Legendre
Dessiné par Katia Ranalli
Édité par Soleil
JULIE DOOHAN – 1. SPIRIT OF BOURBON
Début des années 20 aux États-Unis, on ne plaisante pas avec les bootleggers en pleine prohibition. Ces contrebandiers d’alcool, petits artisans plus ou moins consciencieux, sont souvent cornaqués par des grands bandits. On fournit le boss qui assure notre protection en retour. Sauf que certains producteurs, plus doués que d’autres, suscitent des convoitises. C’est le cas de Doyle Doohan qui voit sa bonne étoile pâlir quand la mafia tente de le recruter. Son refus entraînera sa perte. Sa fille, Julie, prend son relais. Et marche dans les droits pas de son paternel. Au point d’enrôler son village, Stanwood, dans la lutte contre le clan italien et clame sa fidélité à une bande irlandaise.
Tout est réuni pour passer un très bon moment. De l’action, du suspense, du tragique et une très jolie histoire qui fleure bon l’alambic tout chaud en train de délivrer son précieux nectar. Il y a du rythme, on ne reste pas dans une stérile mise en place des personnages. C’est là aussi prometteur.
Écrit par Thierry Gailleteau
Dessiné par Luc Brahy
Édité par Delcourt
