
On a fait le tri n°64
Parce qu’on n’a malheureusement pas le temps de vous parler en détail de tous les bouquins qui sont passés entre nos mains, « On a fait le tri » revient sur les sorties de la planète BD.
JOUR J – L’AFFAIRE RAVAILLAC

Tel est pris qui croyait prendre en ce 14 mai 1610. Dans la rue de la Ferronnerie, François Ravaillac s’apprête à occire le roi de France, le vert-galant Henri IV. Il grimpe sur le marchepied de son carrosse et frappe avec son poignard un… mannequin de paille. Encore une nouvelle attaque déjouée contre le crypto-huguenot. Une grande enquête est alors commandée par le Gascon pour déterminer qui cherche à l’abattre. Sauf que les réponses risquent bien de le surprendre un brin…
On se plaît à lire cette série qui détonne et qui apporte, par définition, d’autres éclairages sur notre Histoire ou sur celle qu’elle aurait pu être. Uchronie quand tu nous tiens, une grande revisite des siècles passés qui est toujours très bien construite.
Écrit par Fred Duval et Jean-Pierre Pécau
Dessiné par Marco Bianchini
Édité par Delcourt
WEST LEGENDS – T.5 : WILD BILL HICKOK FORTY BASTARDS

Des cinq personnages célèbres de l’Ouest américain déjà portraitisés, James Butler Hickock était celui que je connaissais le moins et peut-être celui que j’ai le moins apprécié. Est-ce une relation de cause à effet ? Il y a peut-être de ça, j’ai aussi trouvé le récit plus touffu, mois abordable que les autres. Peut-être également plus décousu. Cela n’empêche pas qu’au bout de 60 pages, on en connait davantage sur ce pistoléro hors-normes, pote de Bufalo Bill ou de Calamity Jane, qui fut lâchement abattu à une table de poker avec une main devenue célèbre, The dead man’s hand.
Le coup de projecteur sur ces mythes de l’Ouest apporte un vrai plus qui mêle scénarisation et histoire réelle et qui donne envie de conserver l’ensemble de la collection qui se terminera prochainement par Butch Cassidy.
Écrit par Jarry
Dessiné par Laci
Édité par Soleil
KURUSAN LE SAMOURAÏ NOIR – 1. YASUKE

On aurait voulu inventer cette histoire réelle qu’on ne l’aurait pas écrite autrement. Cette BD a tout d’un récit assez incongru et improbable dans le Japon de la fin du XVIe siècle, la rencontre du premier unificateur de l’archipel avec un esclave à la peau noire arrivé dans les valises d’un Jésuite. Le combo hétéroclite fonctionne pourtant à merveille. Ce qui en fait une aventure extraordinaire. De captif, Kurusan va grimper les échelons pour devenir un samouraï, une véritable consécration.
Outre ce destin, c’est également dans celui du Japon de cette époque que l’on plonge. Dans ses us et coutumes également. Une société tiraillée par l’honneur et les conflits permanents, les fidélités et les assujettissements à géométrie variable. Un tome 2 est d’ores et déjà prévu.
Écrit par Thierry Gloris
Dessiné par Emiliano Zarcone
Édité par Delcourt
LES FILLES SAGES VONT EN ENFER

Comment (bien) vivre dans une société théocratique alors que ses propres croyances déclinent ? Ou du moins se heurtent à un questionnement profond avant de s’éteindre peu à peu ? C’est grâce à son expérience perso et ce récit que Tohar Sherman-Friedman parvient à esquisser un début de réponse. Il y est question d’autodétermination, de libre arbitre, de chemin de Damas et de doute afin de trouver un équilibre de vie qui lui corresponde davantage. Le tout dans une famille juive très pieuse dans les colonies en Cisjordanie.
C’est un récit intimiste, sans fard, vrai qui a une tendance naturelle à l’universalisme. C’est aussi une BD courage qui doit permettre à l’auteur de mettre un peu de distance par rapport à son parcours de vie. C’est un puissant récit.
Écrit et dessiné par Tohar Sherman-Friedman
Édité par Delcourt
L’ASSASSIN DES PETITS CARREAUX

Prenez un peu d’Agatha Christie, saupoudrez d’un zeste de Cluedo, avec ceci, rajoutez une pincée de fatalisme russe et vous détenez la substantifique moelle de cette bande dessinée où les fantômes sont par ailleurs cordialement conviés. Juste après la Première Guerre mondiale, les travées parisiennes sont un joli miroir d’une société un brin décadente avec ses voyous, ses femmes de petite vertu et son patriarcat triomphant. Au milieu de tout ça, une jeune veuve russe se retrouve entraînée, bien malgré elle, dans une enquête piégeuse mais n’est-ce pas l’occasion de décrocher sa liberté ?
En vrai, la Miss Marple de la Grande Russie ne m’a pas passionné des masses. J’ai trouvé la BD un peu longue et bien compliquée sur la fin. J’ai décroché dans le dernier tiers. Faites-vous votre propre idée.
Écrit par Nathalie Ferlut
Dessiné par Oburie
Édité par Delcourt
LES VEUVES ÉLECTRIQUES – 1. DEUIL ATOMIQUE

Un incident dans la centrale nucléaire de Chissouane provoque la mort de trois salariés du site. Leurs trois veuves vont se lancer dans un combat forcément inégal pour la fermeture de la centrale alors que les autorités souhaiteraient un simple hommage et pas trop de questions, non plus. L’activisme de ces désormais copines va aller très loin. De la simple manifestation au kidnapping, il n’y a qu’un pas qu’elles franchiront allègrement. Le tout avec le fils de l’une d’elles addict au saucisson.
C’est gentillet et plein de bons sentiments. Avec pas mal de clichés bien éculés. Les journalistes déforment la vérité (enfin probablement pas tous dans l’esprit de l’auteur mais comme on ne voit que ceux qui font ça, hein…), les policiers agressent les manifestants et pas l’inverse (relire le précédente parenthèse). Un bon vieux manichéisme bien pensant sans trop de mesure. Je n’irai pas plus loin dans cette série débutante.
Écrit par Relom
Dessiné par Damien Geoffroy
Édité par Delcourt