
On a lu… A l’assaut du Roi (T. 1) de Minori Kiguchi et Takahiro Wakamatsu
Régulièrement, le manga aime s’attaquer à un jeu ou à un sport. Les auteurs se plongent corps et âme dans leur sujet afin de mettre le doigt sur ce qui constitue la discipline choisie. Avec À l’assaut du Roi, certains de vous l’auront compris, les mangakas souhaitent nous initier aux joies des échecs. Concentration, réflexion, anticipation, tactique, voilà un jeu que beaucoup considèrent comme un sport à part entière et qui, de mémoire, n’avait pas encore été exploité de la sorte dans le manga. Ce nouveau titre édité chez Kana, compte bien occuper cette place vacante. Un premier tome confortablement installé dans un genre ultra-codifié mais qui parvient à piquer notre curiosité. Une partie qui commence plutôt bien…
Ippei est un gosse débordant de vie qui ne tient pas en place. Lorsqu’il rencontre la douce et pétillante Hime, une nouvelle camarade de classe, le jeune garçon est troublé. Elle lui fait découvrir les échecs, dont elle est adepte et instantanément, Ippei se découvre une passion pour le jeu qu’il perçoit comme un monde fantastique, un incroyable champ de bataille à conquérir. Malheureusement pour lui, Hime, doit partir en Amérique, le laissant tout seul, sans adversaire à affronter. Avant leur séparation, il lui promet de devenir un maître des échecs mais il lui faut pour cela s’entraîner. Son heureuse rencontre avec Ren, double-champion junior du Japon va alors bouleverser les événements. À l’assaut du Roi s’inscrit dans la plus pure tradition shônen en usant allègrement des caractéristiques inhérentes au genre. Un jeune héros fait une promesse à une jeune demoiselle, il tente de se surpasser et va faire la rencontre décisive qui va changer sa vie. De son côté, Ren a le rôle aussi bien du mentor, que de l’adversaire, voire de l’ennemi parfait qui va aider notre héros à se forger et qui par la même occasion ressortira grandi de cette expérience. N’en jetez plus, tout y est et comme souvent, la promesse sert de déclencheur au récit. Cette promesse qui amène le protagoniste à se dépasser et qui ne saurait être rompue. Un engagement qui met en exergue la ténacité du héros, la volonté d’aller plus loin, pour atteindre un idéal, bref une promesse sur laquelle repose absolument tout le récit, tel un leitmotiv.
Le cadre et tous les codes qui vont avec, sont ici parfaitement maîtrisés, ne reste qu’à y injecter une thématique. Tout comme le jeu de go, les échecs offrent un terrain propice aux affrontements les plus cérébraux. À la façon d’un Hikaru No Go, À l’assaut du Roi met en scène les parties d’échecs comme autant de batailles épiques, s’appuyant sur des choix tactiques et des stratégies que le lecteur découvre au fur et à mesure. Comme toujours dans ce type de mangas, le ou les auteurs tentent de nous donner quelques leçons afin que les novices aient une base sur laquelle s’appuyer. Alors oui, vous allez me dire que faire un truc sur les échecs, visuellement ça ne fait pas franchement rêver. Oui, mais quoi de mieux qu’un manga pour insuffler à un tel sujet la folie graphique qu’il faut ?! Les angles de vue s’immiscent sur l’échiquier, parmi les pions, conférant aux parties une autre dimension. Quant aux déplacements, ils sont amplifiés par un trait vif et précis. Pour le reste, on est dans un registre plutôt enfantin avec un chara-design assez kawaii et expressif. Dans son ensemble, ce premier tome de À l’assaut du Roi remplit le contrat, à savoir, nous initier à un jeu des plus passionnants par le prisme du shônen, dans un récit avant tout humain. Un peu convenu mais suffisamment convaincant.
À l’assaut du Roi (T. 01) de Minori Kiguchi et Takahiro Wakamatsu, aux éditions Kana